Henri Cartier-Bresson/Paul Strand, Mexique 1932-1934

Dans « Henri Cartier-Bresson/Paul Strand, Mexique 1932-1934 », la Fondation Henri Cartier-Bresson met en parallèle les travaux de deux grands photographes du XXe siècle. Le pari était audacieux ; Agnès Sire, commissaire de l’exposition, l’a réalisé. Car, s’ils ont en commun d’avoir immortalisé le Mexique des années 30, Henri Cartier-Bresson et Paul Strand diffèrent non seulement par leur vision personnelle de ce pays mais aussi par leur approche de la pratique photographique.

L’américain Paul Strand profite de sa rencontre avec Carlos Chavez, responsable de la Culture au ministère de l’Éducation, pour changer de vie. Arrivé en 1932 dans ce Mexique qu’il imaginait « mystérieux, sombre et dangereux », il découvre un monde différent, emprunt de piété. Henri Cartier-Bresson arrive au Mexique en 1934, 6 mois avant que Strand ne reparte pour les États-Unis. Participant à une mission ethnographique qui tourne court, le Français a un « coup de foudre » et décide de rester pour parcourir le pays muni de son Leica.

Les clichés de Paul Strand expriment la fascination du photographe pour la culture du Mexique : des paysages vaporeux, des hommes et des femmes qui posent avec humilité et noblesse. Au style onirique et immobile de Strand s’oppose la vision humaniste et vive d’Henri Cartier-Bresson. Ce dernier, maître de l’« instant décisif », saisit sur le vif les scènes de la vie courante sans voile, la misère côtoyant la joie de vivre.

Grâce à 90 clichés issus de collections espagnoles, américaines et mexicaines ainsi que de la Fondation Henri Cartier-Bresson, l’exposition aux airs de documentaire ethnographique rend hommage à ces deux grands maîtres du siècle dernier. Au-delà de la photographie, Henri Cartier-Bresson et Paul Strand se rejoignent également dans l’expérience cinématographique. Tous deux à New York en 1935, ils intègrent le groupe Nykino ; l’exposition projète deux films documentaires dont ils sont les réalisateurs.