Ernst Ludwig Kirchner

A travers une importante réunion d’œuvres d’Ernst Ludwig Kirchner, la Fundación Mapfre présente une grande rétrospective de l’artiste expressionniste allemand. Depuis le groupe Die Brücke à son « nouveau style » des années 1930, l’exposition explore en profondeur la vie et l’œuvre de Kirchner.

Ce ne sont pas moins de 180 œuvres qui sont présentées à la Fundación Mapfre à l’occasion de la première rétrospective espagnole d’Ernst Ludwig Kirchner. Peintures, aquarelles, dessins, xylographies, lithographies, photographies et sculptures témoignent de la pluralité disciplinaire de l’artiste.

Après des études d’architecture et un semestre passé à étudier le dessin et la gravure à l’Ecole supérieure de Munich, Ernst Ludwig Kirchner (1880-1938) et trois de ses amis fondent en 1905 le groupe expressionniste Die Brücke. Inspirée de l’art primitif et des fauves français, leur peinture délaisse la forme et les contours pour laisser éclater les couleurs stridentes. Chez Kirchner, l’exécution rapide des toiles contraste avec la ligne de ses dessins et gravures, inspirée du Jungendstil. Après la dissolution de Die Brücke en 1913, Kirchner continue le processus de réinvention des formes et de rupture totale avec l’histoire de l’art entamés par le groupe.

En 1915, après quelques temps passés à Berlin, Kirchner s’engage dans l’armée. Réformé deux mois plus tard pour santé fragile (maladie pulmonaire et consommation d’alcool et de drogues), il fait plusieurs séjours en sanatorium où il continue de se consacrer à sa peinture. En 1917, Kirchner s’installe à Davos, en Suisse : il y redécouvre la nature. « Les couleurs sont merveilleuses, comme un vieux velours grenat. Ici, en bas, dans la vallée, il y a les cabanes du bleu le plus intense sur les prairies jaunes. C’est ici que l’on apprend à connaître la valeur de chacune des couleurs », disait-il.

Dans les années 1920-1930, ouvert sur la richesse artistique de l’entre-deux guerres, Kirchner s’inspire à la fois des œuvres du Bauhaus, de Picasso, Le Corbusier ou encore Fernand Léger. L’artiste allemand devient aussi une référence stylistique pour le groupe suisse Rot-Blau (1924-1925) qui le visite à Davos. En 1937, les nazis s’emparent de plusieurs toiles de Kirchner pour l’exposition sur l’ « art dégénéré ». L’année suivante, l’Allemagne annexe l’Autriche et Kirchner détruit nombre de ses œuvres. Il se suicide en juin 1938.

L’exposition est présentée à la Fundación Mapfre jusqu’au 2 septembre. Le commissariat est assuré par Karin Schick, directrice du Kirchner Museum de Davos. Parmi les institutions majeures qui ont accordé des prêts pour l’événement madrilène, on compte le Centre Pompidou, la Nationalgalerie de Berlin et la National Gallery de Washington.