Derain, Dufy, Matisse, Picasso... La céramique des peintres

Dans le cadre de la célébration de ses trente ans, le musée d’art moderne de Troyes présente une exposition mêlant les céramiques de la collection privée Larock-Granoff (exposée pour la première fois dans sa quasi-totalité) et les œuvres de la collection permanente du musée issues de la collection Pierre et Denise Lévy.

S’efforçant d’abolir la frontière entre les différents supports de la création artistique moderne, l’exposition explore le renouveau de la céramique dans l’œuvre des grands artistes de la modernité au début du 20e siècle.

Avec quelques trois cents pièces de la collection Larock-Granoff et une centaines d’œuvres du musée, l’exposition « Derain, Dufy, Mirò, Picasso… La céramique des peintres » propose un dialogue entre les différentes créations des artistes de la modernité, et leur exploration de la céramique.

Avec une première salle dédiée à la céramique de Paul Gauguin, l’exposition marque les prémices de la céramique du 20e siècle. Gauguin appréhende la céramique comme un nouveau support propice au renouveau de son inspiration artistique. En collaboration avec le céramiste Ernest Chaplet, il met en place un dialogue artiste-artisan particulièrement fructueux duquel découlera un grand nombre de chef-d’œuvres qui nourriront l’imaginaire des artistes à venir.

Le début du 20e siècle est marqué par la rencontre entre le céramiste André Méthley et le marchand d’art Ambroise Vollard, qui incite le premier à travailler avec les artistes de la nouvelle génération. D’une petite impulsion s’ensuit un réel engouement des jeunes artistes pour le nouveau support que représente la céramique. Pierre Bonnard, Maurice Denis, André Derain, Henri Matisse et bien d’autres passeront par l’atelier d’Asnières de Méthley. Bien que l’entreprise initiée par Vollard se solde par un échec commercial, cette période d’intense collaboration entre peintres et céramiste encourage les artistes de l’entre-deux guerres à explorer ce nouveau médium.

L’exposition se poursuit avec des salles dédiées à Dufy, Matisse, Mirò et Picasso, autant d’artistes qui ont su développer le langage créatif de la céramique. Le dialogue avec les œuvres de la collection permanente permet ainsi de révéler les prémices des papiers gouachés et découpés de Matisse dans les motifs simplifiés de ses vases.

Une salle regroupe ensuite les artistes indépendants d’après guerre, révélant aux visiteurs la multitude de propositions des peintres de l’époque, pour qui la céramique se présente alors comme l’occasion de renouveler leur propre création.

En dépassant les fonctions utilitaires et décoratives des objets qu’ils décorent, les peintres-céramistes de l’après-guerre vont instaurer un nouveau dialogue entre leurs œuvres dites « majeures » soit la peinture, le dessin et la sculpture et leur création dite « artisanale », renouvelant ainsi les enjeux de la création de céramiques.

Enfin, un dernier espace est dédié aux expériences contemporaines. Moins courante aujourd’hui, la céramique reste un support apprécié des peintres. Ainsi, les pièces de la seconde moitié du 20e siècle attestent de l’appropriation du medium de la céramique par des artistes tels que Hans Hartung ou encore Pierre Soulages comme support de la création picturale contemporaine.