18 sep. - 14 juil. 12-13

Paris

Musée du quai Branly – Jacques Chirac

Cheveux chéris - Frivolités et trophées

« Le cheveu comme le poil vient de l’intime obscur du corps ». Marqueur d’une multitude de socialités, le cheveu, ou plutôt l’utilisation du cheveu, est un signifiant aussi riche que varié, insaisissable pour quiconque voudrait en faire une histoire linéaire de forme et signification. Yves Le Fur propose pour « Cheveux chéris » un parcours thématique, presque cyclique, de l’exploration de la chevelure dans lequel se côtoient 280 photographies, sculptures, vidéos ou peintures.

Frivolité tout d’abord pour saisir l’incroyable diversité d’agencement de cette parure naturelle, le désir universel de différenciation ou classification au sein des sociétés. Mais si pour l’homme, la coiffure est un moyen de se positionner socialement, elle n’est pas pour autant figée et immuable. Aussi, les cheveux longs sont aussi bien associés à la royauté et la beauté par exemple, ils ne le sont à l’ermite, au sauvage et à l’artiste. S’ils sont le signe distinctif de la rébellion pour une partie de la jeunesse du 20 et 21e siècle en occident, ils le sont aussi pour la veuve malgache par exemple, qui les détache et les laisse sales pour marquer son deuil. Séduction, répulsion, les hommes ont toujours accordé une grande importance à l’esthétique de leur chevelure, allant même jusqu’à stéréotyper certaine couleurs, ou encore brouiller les pistes des genres, jouant subtilement d’une multitudes de conventions.

Pourtant, la vie biologique des cheveux conduit aussi à leur perte. Une perte parfois volontaire et assumée, comme le voiles des religieuses, mais aussi involontaire, provoquée par la maladie et la vieillesse. Une perte contrainte qui atteint l’estime de soi, utilisée parfois comme punition sociale au sein des sociétés. Les femmes tondues de la Seconde Guerre mondiale en France, immortalisées par Robert Capa en 1944, en sont le triste exemple. La perte, volontaire ou non, est donc toujours vécue comme un changement, une transformation de l’identité, et acquière par la même une charge émotionnelle significative. Souvenir de ce que l’on fut, la chevelure déchue devient alors matérialité d’un souvenir et vecteur de mémoire, parfois conservée comme en témoignent les médaillons et broches de l’aristocratie du 19e siècle européen.

Une mémoire que l’on retrouve dans les parures, ornements et trophées des cultures extra occidentales. Des ceintures de guerrier Naga aux colliers d’Hawaii en passant par les têtes réduites Tsantsa, cette troisième et dernière partie de l’exposition présente les surprenantes utilisations du cheveu comme substance de corps disparus, comme matérialité immuable qui transcende la vie pour nous conduirent « aux lisières des mondes ».

Informations pratiques
MUSÉE DU QUAI BRANLY – JACQUES CHIRAC

218, rue de l'Université
Paris 75007
Ile-de-France
France

Contact
+33 (0)1 56 61 70 00
SITE WEB
http://www.quaibranly.fr/

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