Rencontre en Polynésie, Victor Segalen et l'exotisme

Victor Segalen, poète, ethnographe, archéologue et médecin de marine, a renouvelé la notion d’exotisme lors d’un séjour aux îles Marquise qui a débuté en 1903. Il comprend très vite les enjeux de communiquer sur les problèmes de cultures et des traditions extra-européennes en voie de disparition sous l’effet de la colonisation. La vision de la culture Maori lui fait prendre conscience d’une culture en déclin.

La période polynésienne de Victor Segalen se déroule avant ses grands voyages en Chine. Au contact des habitants polynésiens et sous l’influence de l’art de Paul Gauguin, il se passionne pour les habitants de cette île et élabore une nouvelle conception de l’exotisme. En 1907, il publie Les Immémoriaux dans lequel il essaie de ressusciter les traditions polynésiennes qu’il pense en voie de disparition. Il n’hésite pas, ce qui est nouveau pour l’époque, à donner la parole au Polynésiens eux-mêmes qui débattent des relations entre les européens et les autochtones.

L’exposition relate cette période à travers des œuvres et des objets européens qui font échos aux 150 pièces provenant de Polynésie et de documents d’époque. Elle fait aussi la part belle à la Bretagne, région de départ vers des découvertes lointaines qui offre aussi un retour aux sources de ceux qui franchissent le pas. Mais pour Victor Segalen, son envie de voyage va de pair avec les évènements sociaux-culturels de son époque, tels que la littérature et les arts orientalistes, les Expositions Universelles, le développement de la philologie et de l’anthropologie.

« Rencontre en Polynésie, Victor Segalen et l’exotisme » tend à prouver la véracité de la pensée de Victor Segalen sur la colonisation et les conquêtes marchandes dans la société actuelle. Ses discours sur l’altérité datant du début du XXe siècle n’attendent qu’à être vérifiés dans le contexte présent. L’exposition veut finalement démontrer la part de métissage qu’ont connue les sociétés des mers du Sud, en prenant en compte la violence qu’elles ont subies. Le commissariat de l’exposition est assuré par Roger Boulay, ethnologue et consultant.