26 sep. - 10 jan. 09-10
Bourg-en-Bresse
Monastère royal de Brou
Zoran Music - Apprendre à regarder la mort comme le soleil
Le dépouillement du lieu, sa dimension mystique entre en résonnance avec le mysticisme spirituel et artistique d’une œuvre marquée par la déportation mais qui évoque aussi la beauté de la nature et de la vie. Le parcours de l’exposition à la fois thématique et chronologique porte un accent particulier sur les motifs végétaux et les intérieurs d’églises peu mis en exergue dans les précédentes rétrospectives. Le choix d’œuvres significatives émanant de divers musées français – remarquable pour cette petite exposition – rend compte du cheminement d’un artiste visionnaire.
Deux dates majeures marquent l’œuvre de Zoran Music. En 1944, alors qu’il séjourne à Venise il est arrêté pour faits de résistance et déporté à Dachau. Durant deux ans, au risque de sa vie, il réalise avec une grande économie de moyens une centaine de dessins de corps suppliciés d’une terrible précision documentaire. La liberté retrouvée, il peint des toiles inspirées de sa région natale où le trot léger des chevaux, la rondeur des paysans dalmates traduisent un monde de paix et de calme. Il découvre à nouveau la beauté sauvage des paysages italiens. Il peint les collines toscanes rongées par l’érosion, espaces désertiques propices à la méditation, des rochers puis des séries de motifs végétaux scintillants de lumière, d’une grande beauté, d’où émergent peu à peu des charniers.
Les souvenirs obsédants de la déportation resurgissent après plusieurs décennies. En 1970, la série de dessins intitulée « nous ne sommes pas les deniers » exprime pour l’exorciser l’horreur de la chose vécue, insoutenable, indicible, et délivre un message douloureux à l’humanité.
L’évocation des camps alterne avec des séries poétiques et lumineuses. Elles apportent ici une respiration à point nommé dans la visite : des vues vaporeuses de Venise ville lagunaire insaisissable, fantomatique et des intérieurs de cathédrales, parois vibrantes irradiées de lumière parées de couleurs indéfinissables qui font étrangement écho au lieu d’exposition. Son inclinaison à l’introspection l’amène à réaliser une série bouleversante d’autoportraits et de portraits, formes émergeant de la profondeur, organisées sur une surface sans perspective, sans volume, tels des fantômes suspendus dans un univers oscillant entre être et néant. Dans la dernière salle - la plus saisissante - deux grandes toiles montrent un artiste au sommet de son art. Elles le représentent avec sa femme Ida dans son atelier, personnages cote à cote dans un halo, figures humaines réduites à leur vérité absolue, d’une pureté originelle, peintes d’une palette restreinte aux blancs, ocres, gris brun.
- Informations pratiques
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MONASTÈRE ROYAL DE BROU
63, boulevard de Brou
Bourg-en-Bresse 01000
Auvergne-Rhône-Alpes
France - Contact
- +33 (0)4 74 22 83 83
- SITE WEB
- http://brou.monuments-nationaux.fr