06 mar. - 15 sep. 2009
Paris
Pinacothèque de Paris
Suzanne Valadon – Maurice Utrillo : au tournant du siècle à Montmartre
A l’intérieur, le rez-de-chaussée, espace d’accueil ouvert sur la vie parisienne, est agréable à parcourir. Par contre, au 1ier étage, lieu présentant le début des chassés-croisés entre Suzanne Valadon (1865-1938) et son fils Maurice Utrillo (1883-1955), on a vite un sentiment d’étouffement : l’espace est trop étroit (on parcourt des « coursives » qui ne permettent pas un recul suffisant), l’éclairage tamisé (aucune lumière naturelle) oppresse un peu et il n’y a pas suffisamment de bancs pour se reposer.
Au sous-sol, suite et fin de l’exposition, la circulation est beaucoup plus aisée, on y respire mieux, et des ouvertures dans les murs créent une perspective permettant à notre regard d’organiser, via les œuvres qui se donnent voir (une cinquantaine de chacun des deux artistes), tout un jeu de résonances entre elles.
Venons-en au contenu même de l’expo (un tendre duel mère-fils), un bon accompagnement pédagogique - plaquette informative gratuite, panneaux éducatifs nombreux - nous invitent à suivre en peintures les histoires de ce « couple » mère-fils marginal, à cheval entre deux périodes (impressionnisme et Ecole de Paris) et deux mondes (bourgeoisie et vie de bohème). Cette célèbre filiation a un intérêt mi-historique, mi-artistique. Les paysages de Montmartre d’Utrillo, peintre autodidacte et ivrogne hors pair, nous replongent avec plaisir dans le Paris du début du 20e siècle ; les nombreux portraits et scènes d’intérieur de Valadon, eux, en plus de témoigner de la fascinante atmosphère créative de l’époque, font preuve, pour certains, d’une séduisante qualité plastique (touche souple, couleurs vives). Au sein de la scénographie, un tableau double face est d’ailleurs révélateur de la trajectoire différente des deux artistes : au recto, on a une huile sur carton de Valadon (Nature morte, 1915) peinte avec ferveur et, au verso (son fils a peint au dos de cette ébauche), on a un tableau d’Utrillo (Rue à Fontainebleau, 1916) qui est beaucoup plus plan-plan, à l’image de la plupart de ses rues montmartroises qui, avec leurs cadrages bien raides, ne sont pas toutes d’un fol intérêt pictural ! Ainsi, cette expo-duo offre l’occasion, par le biais des comparaisons, de s’apercevoir à quel point Valadon, fille de blanchisseuse devenue artiste à la liberté scandaleuse, est une peintre bien plus innovante que son fils Utrillo, dont les obsessions en font à coup sûr un créateur atypique mais dont le systématisme dans la réalisation de ses cartes postales peintes finit par atténuer sa portée artistique.
- Informations pratiques
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PINACOTHÈQUE DE PARIS
28, place de la Madeleine
Paris 75008
Ile-de-France
France - Contact
- +33 (0)1 42 68 02 01
- SITE WEB
- http://www.pinacotheque.com