22 jan. - 21 mar. 2009
Paris
Galerie Alain Margaron
Aurel Cojan, le piéton de l’air
Aurel Cojan, né en 1914 en Roumanie et décédé en 2004 à Paris, est un peintre hors norme, ni tout à fait figuratif, ni complètement abstrait. D’emblée, une chose est évidente : il a ce don fort rare de rendre la peinture vivante. Ses toiles all-over, champs de bataille picturaux hauts en couleur, sont des rectangles qui donnent l’impression qu’il y a du « sentiment », et un tempérament de feu, dedans. Mais, attention, et l’accrochage dans cette galerie le souligne fort bien, cet art-là, qui n’est pas sans rappeler, via sa fougue, des expressionnistes abstraits comme Willem De Kooning ou Joan Mitchell, n’est pas que violence explosive d’écritures griffées et de couleurs criantes, il est aussi, au détour d’une aquarelle à la couleur voilée, caresse. On pense alors à Klee (« Dessiner, c’est prendre une ligne et partir en promenade. ») et on se laisse bientôt porter par le mouvement musical d’une peinture figurative lorgnant vers l’abstrait et l’invisible - laissons s’exprimer quelques titres d’œuvres rencontrées : Animation garance, Les Passants, Abstraction automnale, Une longue promenade, Fleurs des champs.
Le parcours, dans cette expo « itinérante », permet de prendre la clef des champs, il ne suit pas d’ordre chronologique, se montre libre à l’image de cette peinture nature, et c’est tant mieux. Le jour de ma visite, une collectionneuse âgée - les prix vont de 2000 € pour une feuille à 13 000 €, tous supports confondus - s’arrêtait devant chaque tableau en affirmant « C’est beau ». Certes, ce propos est succinct !, mais peut-être qu’il suffit ; la peinture « sauvage » de Cojan étant habitée par une force esthétique et imaginaire qui annule tout verbiage inutile.
Petit conseil concernant la circulation entre les deux salles de l’expo : n’oubliez pas de prendre l’escalier du 1er espace qui mène à un patio donnant accès à la suite du parcours. Dernier point, le livre publié à cette occasion (Le piéton de l’air, 2009, 25 €) est richement illustré (80 reproductions couleurs) et son auteur, Emmanuel Daydé, précise bien que, pour savourer cette peinture inclassable, il faut quand même la raccorder à sa « roumanité » (Ionesco, Cioran, Stefan Luchian...). Dont acte.
- Informations pratiques
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GALERIE ALAIN MARGARON
5, rue du Perche
Paris 75003
Ile-de-France
France