Un été contemporain - De la réalité au rêve

Les travaux de Philippe Favier, Samuel Rousseau, Isabelle Jarousse, Frédéric Khodja, Kacem Noua, Eric Roux-Fontaine et Gordon Hart présentés à l’espace Cornil, n’ont apparemment rien en commun si ce n’est le détournement d’une réalité au service de leur imaginaire. Ces artistes recyclent, chacun à leur manière, des éléments de leur quotidien, qu’ils phagocytent avant de les réintroduire dans leurs univers créatifs. Isolés de leurs contextes, privés de leur utilité ou détournés de leurs sens premier, ces fragments du réel deviennent le jouet de leurs caprices.

Chez Samuel Rousseau, le spectateur se laisse prendre au jeu des faux-semblants. Dans ses photographies numériques, ce que l’on prend pour des marguerites bleues venues tout droit de l’espace ou des yeux que l’on imaginerait volontiers bioniques ne sont en fait que de banales plaques de Butagaz, tandis que des constellations se révèlent être de simples morceaux fermentés de tome des Cévennes. Ici, Le réel devient aussi fascinant que notre imaginaire est prévisible.

Il faut observer, s’approcher d’encore plus près pour accéder aux rêveries foisonnantes de détails, de projections d’enfance, d’associations absurdes, douteuses ou drôles, de Philippe Favier: des scaphandriers ailés, un chien, des igloos, des pommes, une lune ensoleillée constituent son langage poétique.

Quant au travail à l’encre de chine d’Isabelle Jarousse, il dissimule dans les interstices d’une pâte de papier froissée des petits personnages, animaux, végétaux, comme des morceaux de rêves malmenés puis oubliés.