23 fév. - 05 avr. 2008

Paris

Galerie Laurent Godin [fermée]

Scoli Acosta - Carbon footprint

Celui-ci pratique un art autour du recyclage; d’ailleurs les matériaux utilisés dans ses diverses productions (dessins, meubles, peintures...) en disent long sur sa pratique de recycleur appliquant à la lettre, en quelque sorte, la fameuse phrase de Lavoisier (« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. ») : poussière de briques, graines de tournesol, algues, bois, Scotch, tip-ex, ventilateur de salle de bains, harmonica, fil électrique, etc. Bref, Acosta fait feu de tout bois en prenant justement, pour point d’ancrage à cette expo faite de bric et de broc, une... brique (Brick Dust Floral Relief, 2008) trouvée sur une plage de Los Angeles et polie, telle un galet, par les flots.

L’expo fait alors penser au champ d’expérimentation d’un grand enfant revisitant à loisir ce jeu enfantin typique consistant à laisser vagabonder son imagination lorsque l’on trouve en bord de mer du bois flotté, du fil de pêche et autres bouchons de liège usés au gré des courants et des marées. Ainsi, Acosta re-cycle, il assemble des matériaux hétéroclites nourris des énergies vibrantes du vent et du soleil, et ces trouvailles recyclées façon McGyver (héros de TV faisant d’un petit bricolage inattendu – chewing-gum + pile + calculatrice – un explosif !) transforment bientôt ces objets de rebut en rébus poétiques.

Le tout, présenté sous forme d’explosante-fixe à la Breton, est coloré, on peut parfois penser à des agrégats Pop de bonbons anglais et certains tons pastel (ciel rose, végétations vaporeuses…) évoquent moult madeleines proustiennes produites en abondance - l’artiste sculptant notamment des cornes d’abondance à partir de poussière obtenue en creusant des épaves de pavés rouges. A travers cette « expo-terrain vague », cette poésie modeste du quotidien mixant empreinte, piste recyclable et monde éphémère nous dévoile une conscience plastique soucieuse de l’avenir du monde (on croise notamment des baleines échouées), tant mieux.

Pour autant, ce sont moins les objets en soi (une sorte d’assemblage gimmick plutôt passe-partout et surfant allègrement sur l’air du temps) qui nous séduisent que les souvenirs d’enfance et les réflexions écologiques qui naissent de ceux-ci : faire naître la sensibilité poétique à l’environnement d’un rien, d’un simple déchet et faire la fusion éthique/esthétique : ça c’est tout à fait louable.

Précisons enfin que l’accueil à la galerie Laurent Godin est bon, ce qui ne gâche rien !, et que les prix proposés - entre 900€ (dessins) et 9500€ (peinture) – n’ont rien d’assommants. Alors, pourquoi ne pas tenter cette pérégrination flottante ?

Informations pratiques
GALERIE LAURENT GODIN [FERMÉE]

5, rue du Grenier Saint-Lazare
Paris 75003
Ile-de-France
France

Contact
+33 (0)1 42 71 10 66
SITE WEB
http://www.laurentgodin.com

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