Lovis Corinth (1858 - 1925)

Il vécut pourtant à Paris pendant quelques années, où il travailla dans l’atelier de Bouguereau. Le musée d’Orsay ose le pari (comme Beaubourg le fit pour le peintre allemand Max Beckmann en 2005) d’une rétrospective. En collaboration avec deux musées allemands, il nous fait découvrir cet artiste singulier, puissant et profond.

La singularité de Corinth s’exprime dans un parcours solitaire, en marge des courants picturaux entre impressionnisme et expressionnisme - avec un zeste de symbolisme à ses débuts. Ambivalent, il l’est, terriblement, à la fois introspectif et expressif. Truculent et sombre.
Inclassable surtout, tant son style est inconstant. Le parti pris du déroulé thématique est heureux.

Son foisonnement créatif lui fait balayer tous les sujets : portraits, scènes de genres, paysages, compositions allégoriques et mythologiques, portraits et surtout ses nombreux auto-portraits (près de deux cents) d’une saisissante lucidité où il fouille la chair et l’âme sans complaisance, jusqu’à la mort. Ses références picturales sont visibles mais non pesantes. On pense à Hals, Rembrandt ou Durer. Ne pas hésiter à stationner longuement devant des oeuvres majeures telles Samson aveuglé (1912) et autoportrait au squelette (1896) ou ecce homo (1925) pour n’en citer que trois.

Trois cabinets d’arts graphiques - comprenant des esquisses, dessins, eaux-fortes - jalonnent le parcours de l’exposition et illustrent, si besoin est, la richesse de son talent.
Dans une des salles de l’exposition – un peu sombre, dommage – un triptyque réalisé par Anselme Kiefer rend hommage à l’un de ses artistes de référence.

Il est des fois où l’on arrive dans une exposition un peu circonspect et d’où l’on ressort satisfait d’avoir fait une véritable (re)découverte ! Allez vivre l’effet Corinth, les occasions ne sont pas si nombreuses !