L’Instant et l’Éternité – Peinture traditionnelle japonaise Nihon-ga de TABUCHI Toshio

La rétrospective « L’Instant et l’Eternité » rassemble une soixantaine d’œuvres de TABUCHI Toshio, peintre japonais qui a consacré toute sa carrière au Nihon-ga. Cette technique picturale, qui signifie littéralement « peinture japonaise », consiste à utiliser des pigments minéraux sur du papier ou de la soie. Mais, à la différence d’autres peintres de Nihon-ga, comme UEMURA Atsushi exposé l’année dernière dans le même espace et qui dédie toute sa production aux oiseaux, TABUCHI Toshio, lui ne décline pas un thème récurrent.

Pour cet artiste de 67 ans et actuel directeur de l’Académie des Beaux-Arts du Japon, tout est digne d’être peint. Il le fait donc sur les divers supports traditionnels de la peinture japonaise : paravents, tableaux de petits formats et portes coulissantes. « Je peins tout ce qui m’émeut », a-t-il précisé lors de sa conférence de presse, en ajoutant que dès son arrivée à l’Espace Mitsukoshi- Étoile il a eu le désir soudain de peindre l’Arc de Triomphe.

Ainsi, TABUCHI Toshio s’intéresse aussi bien aux conducteurs de mobylettes qu’aux bâtiments du Tokyo contemporain, sans omettre les paysages traditionnels japonais. Pour les visiteurs les moins avisés, la surprise est donc grande dès le premier étage de l’exposition : car que font ces fillettes nigériennes et leurs fleurs tropicales à côté des paysages traditionnels japonais ?

Pourtant, son originalité repose sur la diversité des thèmes et une grande variété esthétique : au travail d’une couleur éclatante et insaisissable répond souvent le choix d’une attention graphique très poussée. L’exemple le plus probant est cette vue sur une porte d’entrée typiquement anglaise qu’on dirait extraite d’une planche d’architecte. Et si toutes les œuvres ont un caractère figuratif indéniable, certaines se trouvent à la limite de l’abstraction.

Malgré la diversité de tous ces instantanés – supports, thèmes, choix esthétiques –, la cohérence globale demeure : TABUCHI Toshio parvient à exprimer la poésie picturale du quotidien le plus prosaïque en le transformant en instants d’éternité.