15 oct. - 26 jan. 08-09
Paris
Centre Pompidou - Musée national d'art moderne
Le futurisme à Paris
Tout est trop sage ici, voire tristounet, comme si un traitement d’historien de l’art avait fini par phagocyter la dimension radicale et parfois réactionnaire, voire pompière, du Futurisme. Dès l’entrée, le carrefour nous donnant à voir des cimaises grises et une signalétique passe-partout n’est pas très engageant. On traverse de grands espaces vacants, à croire qu’on est dans une expo sur le Vide !, alors qu’on s’attendrait à davantage d’exubérance, d’atmosphère électrique, de trop-plein et de coups de poing. Hélas, dans cette expo, en ce qui concerne sa scénographie, à savoir la présentation de 200 œuvres et documents retraçant l’aventure futuriste et sa périphérie (cubisme, cubofuturisme, vorticisme, orphisme & synchronisme), on n’éprouve aucun « incident de parcours » qui viendrait exprimer la sensation dynamique d’un futur à toute vitesse.
Par exemple, l’espace rouge du milieu, qui a la bonne idée de reconstituer l’exposition des futuristes italiens (Boccioni, Carrà, Russolo, Severini) à Paris dans la galerie Bernheim-Jeune en 1912, fait un peu l’effet d’un pétard mouillé. On n’a peint en rouge vif que l’extérieur des deux salles, comme si on n’avait pas osé aller trop loin dans l’affirmation de la couleur franche, alors que le Futurisme, c’est justement ça : des couleurs agressives afin de «se révolter contre la tyrannie des mots " harmonie " et " bon goût " » (Manifeste, 1912). Ainsi, histoire non pas de forcer le trait mais d’être tout bonnement en osmose avec un courant artistique fuyant le calme plat, pourquoi ne pas avoir intégralement peint en rouge tout cet espace, intérieur comme extérieur ?
Oui, le demi-échec de cette expo, malgré le plaisir que l’on éprouve à revisiter une avant-garde historique enfin mise en lumière, c’est d’être trop dans la demi-mesure. Axée « scolairement » sur la peinture, elle fait quasiment l’impasse sur les autres domaines du Futurisme (cinéma, théâtre, music-hall, typo, mode et cuisine) et, paradoxalement, en voulant donner une trop bonne image du Futurisme, elle en vient à l’édulcorer en ne mettant pas suffisamment en avant ses excès en tous genres (éloge de la guerre, lien avec le fascisme, mépris du féminin).
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CENTRE POMPIDOU - MUSÉE NATIONAL D'ART MODERNE
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