17 mai. - 12 juil. 2008
Paris
Galerie Karsten Greve - Paris
Echo Wanted
Éco(logique). Ils s’appellent Lynn Davis, Claire Morgan, Bright Ugochukwu Eke, Sergio Vega, Adam Broomberg & Oliver Chanarin, Dustin Lynn, Paolo Paes, Roberto de Villacis & United Alien Artists. Tous ne partagent ni la même pratique, ni la même nationalité. Ils sont photographes, vidéastes, réalisent des installations. Nés au Brésil, aux États-Unis, en Irlande, ils vivent à Londres, New York et Nsukka au Nigeria. Beaucoup sont nés après 1970, mais pas tous. Ils ne partagent donc a priori rien, si ce n’est une même conscience aiguë de la planète, de l’urgence de réagir aux enjeux environnementaux que nous pose le troisième millénaire commençant. Réagir pour ne pas disparaître semblent-ils tous nous dire. À l’unisson.
Ainsi, pour Acid Rain (Pluie acide), le Nigérian Bright Ugochukwu Eke a suspendu à des centaines de fils de nylon autant de petits sachets en plastique remplis d’une eau paisible. Au Niger, l’eau, si rare et si chère, se vend dans ces petits sachets. Mais voilà, à la galerie Greve, l’eau est chargée d’un inquiétant dépôt noir qui la rend impropre. Métaphore des pluies acides qui polluent nos terres, nos bêtes et nos nappes phréatiques, l’œuvre dénonce également ces milliers de sachets en plastique qui jonchent le sol des rues une fois l’eau consommée.
D’eau, il est également question chez le Brésilien Paolo Raes, qui observe la colonisation par la vie aquatique de bouteilles en plastique immergées en milieu marin, et chez l’Américaine Lynn Davis, la plus confirmée des artistes invités. La photographe, qui a délaissé l’homme pour le paysage, a entrepris d’inventorier la beauté de ce monde, tels ces icebergs découverts au Groenland. Mais Lynn Davis, comme le spectateur, sait ces géants de glace condamnés par le réchauffement climatique. Et c’est bien ce qui dérange : la beauté de ces icebergs peut-elle, seule, réveiller nos consciences ?
Oui, ose espérer Claire Morgan, jeune Irlandaise de 28 ans, dont il faut assurément retenir le nom. Dans l’une de ses installations présentée à la galerie Karsten Greve, une chouette hulotte tente de s’échapper des centaines de morceaux de sacs en plastique qui, en formant une architecture en suspension, la retiennent prisonnière. Mais il semble déjà trop tard : fatigué de s’être débattu, l’oiseau agonise. Dans une seconde installation tout aussi puissante, un rat percute tel un projectile une autre architecture aérienne. Des débris de sacs en plastique témoignent de la violence de l’impact. En réalité, la violence ne vient pas du choc, mais de la rencontre de deux mondes opposés : l’organique et le synthétique. Belles, comme la pluie acide de Bright Ugochukwu Eke et les montagnes de glace de Lynn Davis, les pièces de Claire Morgan nous font entendre que le monde ne sortira pas indemne de la pollution que nous lui imposons. À moins que nous réagissions...
Éco(nomiques). Ils s’appellent Claire Morgan, Bright Ugochukwu Eke, Sergio Vega, Paolo Paes, etc. Tous ont en commun d’être encore des artistes confidentiels – voire inconnus – des collectionneurs français. Tous ont également en commun de demeurer financièrement « accessibles ». En les présentant, la jeune Judith Greve, qui assure depuis septembre 2007 la direction de la galerie fondée par son père dans les années 1970, prend donc un risque : celui de se tromper, et de ne pas séduire ses collectionneurs. Un vrai risque de galeriste qui, pour aller plus loin dans sa démarche, reversera une partie des ventes à trois organisations environnementales. Et cependant, au sortir de l’exposition « Éc(h)o Wanted », le risque paraît bien mesuré, tant Judith Greve fait déjà preuve d’un œil sûr. Un œil sans doute affûté par le côtoiement de Louise Bourgeois, John Chamberlain, Lucio Fontana, Cy Twombly, etc., les artistes historiques de la galerie Greve.
- Informations pratiques
-
GALERIE KARSTEN GREVE - PARIS
5, rue Debelleyme
Paris 75003
Ile-de-France
France - Contact
- +33 (0)1 42 77 19 37
- SITE WEB
- http://www.artnet.com/galleries/home.asp?gid%3D480