21 mar. - 30 mai. 2008
Russie / Moscou
Maison de la Photographie de Moscou
Biennale de photographie de Moscou
Photographie historique, pointures internationales et jeunes pousses nationales, la biennale couvre tous les spectres du médium, et c’est là sa force. Ainsi deux exceptionnelles expositions patrimoniales, réalisées à partir du fonds de la Maison de la photographie de Moscou créée en 1996, dressent l’histoire de la photo en couleur en Russie (« Primevère », Manège) ainsi que l’histoire, celle-ci en noir et blanc, d’une tradition russe : les ablutions collectives (« Aux bains », galerie Na Solianke). Ailleurs, à la surprenante galerie des arts Tsereteli, la biennale dévoile un pan de la photographie de propagande diffusée par la revue Ogoniok (« Héros du cinquième quinquennat »). La salle mitoyenne propose, quant à elle, un regard sur la photographie de sport via les archives de la société sportive de Russie (« Dynamo »).
Côté découvertes, la programmation 2008 est enthousiasmante, notamment à travers les expositions de deux jeunes artistes âgés de moins de trente ans : Piotr Lovyguin (« Mouvements simples », galerie des arts Tsereteli) et Vladimir Michoukov (« Prémonition, Musée d’art contemporain). Si le premier travaille le contingent et le second le temps, tous les deux suscitent un même sentiment fait de surprise et de poésie. Au musée d’architecture Chtchoussev, un autre jeune artiste, Zintchenko, s’aventure du côté du poétique, mais il convainc moins, ses moyens formats fortement vignettés et saturés ayant un goût de déjà-vu (« Moscou non objective »). Quant à la jeune (et très belle !) Youlia Milner, on attend son exposition parisienne à la Mep, planifiée à la rentrée 2008, pour se décider. Sa vulve détournée tantôt en comète, tantôt en planète (« Universe », Musée d’art contemporain), surprend, amuse, fascine aussi. Mais la démarche, sans doute un peu trop facile, laisse perplexe. Un deuxième opus s’impose donc.
Tchilikov et Savelev, deux piliers la photographie contemporaine en Russie, livrent ce que l’on attendait d’eux, à savoir le meilleur : le premier à la galerie des arts Tsereli et le second à la fondation Era. On ne loupera également sous aucun prétexte « Haute impression » de Natalia Pavloskaia, au nouvel espace des arts actuels Vinvazod, qui montre une ancienne imprimerie communiste où le temps semble s’être définitivement arrêté en 1953, à la mort de Staline. « On nous a complètement oubliés, dit un imprimeur, c’est pourquoi nous existons toujours. »
Boubat, Giacomelli, Gibson, Gellie, Friedlander, les Frères Lumières et leurs autochromes composent le gratin de la délégation internationale. Leurs images sont ultra connues, mais on ne se lasse pas de les revoir, surtout en Russie où, a contrario, le public les découvre. Une mention spéciale va toutefois à deux expositions : les soixante ans de l’agence Magnum à l’espace Vinvazod et « Andreas Gursky » à la fondation Ekaterina. Chez Magnum, les images de Gruyaert, Pinkhassov et Alex Webb sont à couper le souffle, tandis que la réunion de 28 grands formats de Gursky est suffisamment rare pour faire de cet accrochage un événement mondial.
Pourtant, quelques déceptions saupoudrent la biennale. « Dans le champ des étoiles » (Manège), Irina Davis (« Projet enfantin, fondation Era), Marcel Gautherot (« La construction de Brasilia », Musée d’architecture), Gueorgui Pervov (« Deux mondes », Musée d’architecture), Guergui Ostretsov (« Sois attentif », Musée d’art contemporain) ne sont pas toujours à la hauteur de la programmation.
Côté commissariat général, assuré par l’énergique Olga Sviblova, la directrice de la Maison de photographie de Moscou, le visiteur apprécierait quelques lignes de présentations sur les artistes, comme une meilleure mise en avant, entre les expositions, des thématiques choisies pour cette année, dont la couleur.
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- Informations pratiques
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MAISON DE LA PHOTOGRAPHIE DE MOSCOU
14 Sushchevskaya str.
127055
Russie