SoCal, southern California art of the 1960s and 70s from LACMA's collection

En trois étapes, l’exposition à taille humaine ménage une très bonne approche de l’originalité de l’art de SoCal (pour South of California). L’exposition commence par des œuvres assez sombres et sociales déjouant l’attente d’une présentation sea, sex and sun. Dans cette première partie trône la troublante installation d’Edward Kienholz Back Seat Dodge’38 (1964) entre reconstitution voyeuriste et plateau de tournage hollywoodien. Toujours provocante au pays de la pudibonderie, la scène de viol sur la banquette arrière d’une dodge hors d’âge frappe par ce mélange percutant de réalisme et de fiction, le violeur n’étant qu’une forme humaine en grillage penché sur un mannequin. Mais le jazz entêtant qui s’échappe de la radio, le détail apporté à la « reconstitution » font vaciller la vision dans le trouble. L’œuvre trouve d’ailleurs un parfait écho dans les sculptures d’assemblages qui l’environnent, bric-à-brac apocalyptique et désuet.

L’ambiance est assurément très différente dès que l’on dépasse cette première salle, pour déboucher dans la section des finish fetish. Capots déjà psychédéliques peints par Billy Al Bengston, céramiques très kitsch de Ken Price, formes plastiques moulées aux couleurs acidulées de Kaufmann : la Californie clinquante des sixties est littéralement éblouissante. Comme les dents trop blanches et la bouche trop rouge d’une starlette hollywoodienne, cet art flirte toujours avec le mauvais goût et fascine pour ses associations hors normes.

L’attaque rétinienne s’infléchit dans l’épilogue consacrée au mouvement light and space dominé par les « éclairagistes » James Turrell ou Doug Wheeler, dont l’installation immaculée baignée par un carré de lumière est une véritable ode au zen new age. Le tour est ainsi complet et donne un bon cadre historique à la scène artistique de Los Angeles si atypique encore aujourd’hui.