23 nov. - 26 jan. 07-08

Paris

Galerie Jérôme de Noirmont

A. R. Penck Peintures & bronzes

Grande virtuosité, triomphe de la couleur, liberté frappante du geste : j’ai envie d’y voir comme de la free painting. D’ailleurs, et pourquoi ignorer l’aspect décoratif dans l’œuvre de a. r. Penck, il y a d’heureuses continuités entre les volutes des rampes d’escaliers de la galerie et le jeu des courbes et contre-courbes croisé dans ses toiles. Des figures, des symboles, des hiéroglyphes enchevêtrés les uns dans les autres s’inscrivent sur des surfaces all-over via une écriture venant puiser sa source dans des horizons divers. Par exemple, la toile en N&B, Um das Zentrum herum, avec son territoire peuplé de flèches et de chasseurs, nous fait aussitôt penser à la spontanéité des peintures pariétales pendant que d’autres, pour la plupart très colorées, sont une espèce de croisement entre Keith Haring, Léger et Matisse, c’est frappant dans des compositions comme Archaische Landschaft ou Andromeda. L’ensemble des 24 toiles de Penck (2007, acryliques sur toiles) exposées ici nous fait bien entrer dans le monde « primitiviste » de cet artiste hors-limites. Il y a à la fois une grande simplicité dans le graphisme et beaucoup de complexité dans certaines structures et dans certains fonds bariolés, par exemple on peut savourer la réjouissante sophistication des fonds dans une toile haute en couleur, limite trash, comme Sommertag. On est dans le tag, dans le graffiti, dans la boulimie de la saturation compulsive des espaces et en même temps, comme pour un Basquiat, ce langage composé de signes et de symboles élémentaires est bel et bien de la peinture. Il est évident que, dans des toiles comme Trumpf ou Konvulsiv, la narration migre de plus en plus vers le désir d’abstraction, comme si Penck prenait son pied à ne jamais trancher entre abstraction et figuration. Servant cet entre-deux, la couleur fonctionne comme lien, comme liant et elle vient interférer non-stop dans le rapport entre signes et formes. Au passage, signalons que Penck est aussi sculpteur, et c’est donc avec plaisir que l’on retrouve ici 4 petits bronzes de l’artiste (notamment Viererpentagon, 1998) qui permettent à ses signes cabalistiques de s’inviter encore plus dans la ronde de la galerie.
Le parcours autour des œuvres chatoyantes de Penck se fait très agréablement, les murs blancs et aérés de la galerie permettant à loisir une sorte d’échappement libre des formes et des couleurs issues des toiles, comme si notre imaginaire – celui des spectateurs – était invité à prolonger, à continuer les œuvres au-delà du cadre des toiles. Et puisqu’on est dans le registre du graffiti et de la peinture murale, l’idéal aurait peut-être été que Penck himself vienne peindre une œuvre in situ, pourquoi pas un work in progress, à même un mur de la galerie Noirmont. Malgré cette petite réserve, c’est une expo qui vaut largement le coup d’œil car sa force graphique reste collée à la rétine longtemps après l’avoir vue. Bref, allez-y !

Vincent Delaury
Informations pratiques
GALERIE JÉRÔME DE NOIRMONT

36-38, avenue Matignon
Paris 75008
Ile-de-France
France

Contact
01 42 89 89 00

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