Gilbert et George - Exposition majeure

Ces œuvres, dont les dimensions politique et sociale semblent avoir été essorées selon une équation inversement proportionnelle à la dilatation des formats, étouffent encore le dernier étage du Castello di Rivoli.  Mais la véritable jubilation se trouve un cran en dessous, dans les appartements richement décorés de l’ancienne résidence sabaude, habituellement dévolus aux collections permanentes. Dans ces salles aux tailles variables, décorées pour certaines de fresques 18e siècle d’une grande fraîcheur, le dialogue qui s’ouvrent avec les œuvres de jeunesse des Gilbert & George, est outrageusement décadent. Délicieusement décadent. On y redécouvre les premières séries en noir et blanc sur l’ivresse, aux cadrages quasi ratés, au flou alcoolique, les séries plus politiques sur le racisme et la sexualité. Le coup de maître est certainement la présence d’une vidéo absurde montrant les deux comparses dans un parc anglais, accompagnés d’une petite musique de chambre, le tout diffusé sur un moniteur simple posé dans l’angle d’un petit salon champêtre.
Écho des formes, dynamitage des conventions et du classicisme, le parcours dans cet étage d’apparat, est jubilatoire. Il réserve certes un peu moins d’œuvres qu’à la Tate de Londres, mais on les regarde mieux. S’il fallait une mention spéciale, elle irait à la salle des archives où quatre vitrines dévoilent cartons d’invitation, notes d’intention, reliques et documents photographiques emprunts d’humour. Elle sert d’entrée en matière, de mise en bouche, à l’heure où la documentation est le plus souvent reléguée à côté des toilettes en fin de parcours ! Bel état d’esprit.

Gilbert & George - © photo artinberlin - 2009 - Licence CC BY-SA 2.0