BEYROUTH (LIBAN) [21.03.16] - Les combats font rage autour de la cité antique de Palmyre entre le régime syrien qui veut reprendre la ville et le groupe Etat islamique (EI) pour qui un tel scénario signifierait la perte du désert syrien et une menace pour ses fiefs à la frontière avec l'Irak.
Appuyée par l'aviation russe, l'armée a débuté le 7 mars une bataille pour reprendre la ville inscrite par l'Unesco au patrimoine de l'Humanité et prise par l'EI en mai 2015.
Depuis sa prise de contrôle, le groupe extrémiste y a détruit de nombreux trésors archéologiques comme le célèbre Arc de Triomphe, les temples de Bêl et de Baalshamin ou encore des tours funéraires symboles de l'essor de cette ville dans les premiers siècles après Jésus-Christ. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'armée progresse "lentement", malgré 800 frappes aériennes menées par la Russie et le régime sur les alentours.
"Les troupes loyalistes sont désormais à quatre km à l'ouest de Palmyre", connue comme la "perle du désert syrien", affirme à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH qui dispose d'un vaste réseau de sources à travers la Syrie.
Bataille 'capitale'
Lundi, l'EI a repoussé une attaque des forces du régime à l'ouest de la ville, tuant au moins 26 miliciens, d'après l'Observatoire. Selon l'agence de presse Aamaq, qui a des liens avec l'EI, un kamikaze de l'EI s'est fait exploser, tuant un rassemblement de 30 miliciens favorables au régime du président syrien Bachar al-Assad.
D'après M. Abdel Rahmane, "cette bataille est capitale pour le régime car elle lui permettra de reprendre le désert syrien et de parvenir plus à l'est à la frontière avec l'Irak", contrôlée par les jihadistes de l'EI.
"L'EI perdra automatiquement la 'badiya' (le désert) s'étendant entre Palmyre et la frontière irakienne, soit une superficie de 30.000 km2", poursuit-il.
Cela réduirait le territoire contrôlé par l'EI en Syrie à 30% contre 40% actuellement, selon les estimations de l'Observatoire. En perdant Palmyre, les combattants de l'EI présents à la frontière de Deir Ezzor, province syrienne frontalière de l'Irak, seraient également forcés de se replier vers ce pays voisin.
La partie n'est toutefois pas gagnée d'avance car "l'EI oppose une résistance féroce et inflige de grandes pertes au régime et ses alliés", explique à l'AFP Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie et de l'islam contemporain.
"Vu que la bataille se déroule dans le désert, les forces loyalistes sont exposées face à l'EI, sans véritable couverture. Et dans les derniers jours, les avions du régime n'ont pas bougé en raison d'une tempête de sable", précise-t-il.
Pour le régime, la reprise de cette ville que visitaient des touristes du monde entier avant la guerre, serait très symbolique, car il pourra se poser "comme le protecteur des ruines antiques de Palmyre", d'après M. Pierret.
Les ruines de Palmyre étaient visitées par environ 150.000 personnes par an avant le début en 2011 du conflit en Syrie.
Les jihadistes considèrent les statues ou fresques représentant des hommes ou des animaux comme de "l'idolâtrie" et ont déjà détruit pour cette raison plusieurs trésors archéologiques en Irak et en Syrie.
Si les frappes se concentrent sur les alentours de Palmyre, des raids violents ont touché également la ville même, détruisant de nombreuses maisons.
Des images distribuées par l'Observatoire montrent des destructions présumées dans la ville depuis dle début de la bataille.
D'après Palmyra News Network, un réseau de militants opposés au régime et à l'EI, "le régime adopte la tactique de la terre brûlée et tente d'avancer de plusieurs côtés de la ville".
Le réseau rapporte également que les quelques familles qui étaient restées dans la ville ont fui les violences et se sont dirigées vers la frontière jordanienne plus au sud. Beaucoup dorment sans abri.
La guerre en Syrie a fait plus de 270.000 morts et jeté plus la moitié de la population hors de chez elle.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
En Syrie, l'armée du régime avance lentement aux portes de Palmyre
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cette photo prise le 14 Mars 2014 montre une vue partielle de l'ancienne ville oasis de Palmyre, à 215 kilomètres au nord-est de Damas. Palmyre, occupée par le groupe Etat islamique depuis mai 2015, est un trésor archéologique qui a été déclaré site du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1980 © photo Joseph EID / AFP