La muséographie se distingue de la scénographie à laquelle on l’associe souvent. Elle est pourtant un préalable essentiel à toute réussite de projet de musée.

Avant la proposition de « mise en scène », la muséographie s'attache à la narration des collections, au sens du discours scientifique, culturel et patrimonial, et à définir le parcours, les partis à prendre de médiation et les agencements qui les porteront. C’est le maillon essentiel pour ne pas perdre de vue le Projet scientifique et culturel.
Historienne de l’art (DEA) et muséologue (doctorat) de formation, spécialiste de la valorisation des patrimoines (DESS) et des financements de la culture (Executive Master à Paris Dauphine). Elsa Olu, dirigeante du cabinet Elsa Olu Conseil, est une figure du métier qui conduit des études de programmation mais aussi ces missions précieuses d’Assistance à Maîtrise d’ouvrage, de pilotage de projets pour des musées et de mise en valeur de monuments sur lesquels elle apporte depuis bientôt 30 ans son expertise et son expérience.
Elle se prête à l’exercice de l’entretien.
Une solide base comme préalable
Quel est votre parcours ?
J’ai à la base un solide parcours universitaire : en histoire de l’art d’une part, avec un DEA sur travaux, une double maîtrise histoire de l’art et photographie, une licence d’histoire de l'art et d’archéologie. À l'heure où le métier de programmiste tend à perdre de sa consistance, je défends que toute mise en valeur aux publics doit partir des collections et/ou du monument, du fond et du discours. Il ne faut pas les oublier au profit des fonctionnalités, certes nécessaires, mais qui ne doivent jamais faire perdre de vue ce qui fait l’essence du projet, et son sens... Et pour bien accompagner les institutions dans cet équilibre, il faut avant tout savoir de quoi on parle !
J’ai complété ce parcours par un DESS de valorisation des patrimoines et de médiation, et après 10 ans de pratique - parce que nos sociétés sont changeantes et qu’il faut savoir penser le musée pour bien le penser en son sein - par un doctorat conclu avec la rédaction d’une thèse en muséologie.
Puis, en 2021, j’ai consolidé le volet financier, car aucun projet ne se fait sans moyen, et j’ai validé l’Executive Master en financements de la culture de Paris Dauphine, nécessaire pour accompagner avec technicité et pragmatisme les collectivités.
De la programmation muséographique à l’AMO : savoir-faire et expérience
Programmation, muséographie… Pouvez-vous nous éclairer sur votre métier ?
Le métier de muséographe, de programmation muséographique, est un métier d’interface. IL s’agit d’être le maillon pour concevoir un projet (nouveau musée, nouveau parcours…) à partir d’un projet scientifique et culturel (existant lorsqu’il s’agit d’un musée de France) ou d’un projet muséal à accompagner, des spécificités de la collection et du site. Pour cela je m’appuie sur une forte expérience de mise en valeur, une excellente connaissance des pratiques des publics, une maîtrise des techniques muséographiques et scénographiques et des médias digitaux qui serviront les collections, le monument et le dessein culturel et scientifique fixé. Chaque projet s’inscrit dans un cadre, un contexte : il faut savoir entendre et paramétrer tous les éléments de proxémie (sociétaux, financiers…) pour garantir sa réussite et son fonctionnement dans la durée.
Et que pouvez-vous nous dire de l’assistance à maîtrise d’ouvrage que vous semblez exercer de plus en plus ?
L’AMO sur des projets de musées, c'est avant tout affaire d’expérience. Cela fait près de 30 ans que je conduis de telles missions de muséographie, que je rencontre les acteurs de terrain (formations « musées » au CNFPT depuis 1999), que je forme des jeunes à devenir des professionnels (20 ans d’enseignement à l’université). Les formations au CNFPT m’ont appris l’écoute et la réalité du terrain, en plus de celles auxquelles j’étais confrontée dans mes missions. Les secondes, à savoir sans cesse se renouveler. Les deux, à avoir beaucoup de méthode et de technique pour être toujours plus agile.
« L’agilité et la créativité dans nos métiers, ce n’est pas la jeunesse qui les donne, mais l’expérience et la méthode. »
J’accompagne des conservateurs et conservatrices, des collectivités sur des projets souvent longs, dont les chemins sont généralement plus des GR que des autoroutes. L’expérience ici est une richesse : il ne faut jamais perdre de vue le fond comme source du projet et savoir naviguer avec des contraintes et des contextes parfois chaotiques, dialoguer avec des élus comme les aider à piloter des équipes complètes de MOE (scénographes, graphistes, éclairagistes, communicants, concepteurs médias et créateurs numériques,…) articulées aux MOE architecturales. En résumé, il faut mettre toujours la collection et le parcours scientifique au cœur, mais savoir concevoir un projet dans des enveloppes financières raisonnables et un fonctionnement tenable, adapté aux moyens et aux ressources humaines.

De Rodin au Palais des Papes en passant par la campagne
Vous conduisez des projets de nature très différente : qu’est-ce qui vous plaît ?
Je n’ai jamais été à la recherche de grands projets pour ma réussite, j’aime la réussite des projets : faire mon métier et accompagner autant de tous petits musées de territoire dans des coins reculés que travailler sur des collections prestigieuses ou dans des lieux emblématiques. Mon seul aiguillon reste le sens, le fond, la raison d’être et la cohérence du projet dans son lieu et son contexte.
Pour vous citer plusieurs projets importants en cours, je peux évoquer :
- La mission d’AMO pour le futur Musée Faure, la Villa – Musée des beaux-arts d’Aix-les-Bains, pour lequel j’ai établi la programmation muséographique en 2020 et que je suivrai comme AMO (suivi des équipes de MOE archi-scéno, de l’identité visuelle, des budgets, plannings, com., mécénat…) jusqu’en 2027.On y trouve une fabuleuse collection de Rodin et de peintres impressionnistes comme Bonnard, Renoir, Vuillard, Seurat, Degas…
- Le parcours du Palais des Papes d’Avignon, sur lequel je suis en pilotage muséo-scénographique en duo avec Didier Repellin et RL&A pour le volet architectural et patrimonial et une équipe extraordinaire
- Le Palais Carnolès de Menton et la rénovation complète de son Musée des beaux-arts dans un jardin d’agrumes merveilleux
- La mission d’AMO sur le grand projet culturel du Département de l’Aveyron dans le Palais épiscopal de Rodez, une MOE conduite par l’agence d’architecture Goutal et Nathalie Crinière pour la scénographie
Mais j’ajouterais autant le parcours de médiation de la Cathédrale de Valence, la scénographie de la Synagogue de Carpentras - un véritable trésor, la valorisation des espaces remarquables de l’Inguimbertine à Carpentras toujours ; le petit musée du chapeau de Camps-la-Source dans le Var, et le futur de la Provence, à Brignoles…
Autant dire que je travaille autant des collections remarquables dans des grands sites classés Monuments Historiques que dans l’accompagnement sur-mesure d’acteurs de terrain engagés et passionnés à valoriser « les petits patrimoines » pour qui nous proposons une solution clefs en mains, muséographie et scénographie, et le tout de façon éco-responsable !
La richesse, la culture, c’est l’ensemble, et le savoir-faire, une agilité gagnée expérience après expérience.

Figure de l’interface entre fond et forme, soucieuse des œuvres autant que des publics, manipulant les vitrines et les parcours comme les enveloppes budgétaires, dialoguant avec les conservateurs comme avec les élus, Elsa Olu développe des concepts muséo-scénographiques soucieux de l’éco-responsabilité et sait aider à piloter des équipes et coordonner scénographes, graphistes, éclairagistes, concepteurs médias et architectes. La qualité de ses missions globales contribue à réformer les musées tout en s’adaptant aux pratiques sans jamais perdre le fil de l’essentiel. Elle agit pour que la relation entre le musée et son public soit plus fluide et enrichissante, et surtout qualitative : « Si l’art a traversé les siècles et les crises, ce n’est pas sans raison. Veiller à ce qu’il nourrisse et enrichisse tout un chacun et innerve la société demeure un gouvernail. ». Ses clients aiment cet équilibre dans ses accompagnements entre savoir et pragmatisme, culture et réalisme. Dans le contexte actuel, le temps et l’expérience rendent ces qualités de plus en plus précieuses.
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Publi-information diffusée en partenariat avec le cabinet Elsa Olu Conseil