DESIGN

Design Miami / Paris s’ancre dans la capitale

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 2 octobre 2024 - 815 mots

La foire consacrée au design, tant historique que contemporain, revient pour une deuxième édition à l’Hôtel de Maisons, en plein cœur du quartier Saint-Germain.
Paris. Depuis sa création par Craig Robins en 2005, la foire américaine s’est forgé une belle réputation. Forte de ses succès à Miami et Bâle, et au vu de la montée en puissance de la place parisienne, elle s’est implantée l’année dernière dans la capitale. La 2e édition du 15 au 20 octobre s’inscrit dans une multitude d’événements rayonnants autour d’Art Basel Paris, qui se tient au Grand Palais au même moment, une semaine après les festivités de Londres (dont Frieze). « Cela représente, certes, une offre énorme, entre Paris et Londres mais cela permet aux collectionneurs américains, asiatiques ou du Moyen-Orient d’avoir, en une douzaine de jours, la meilleure offre possible », souligne le marchand parisien Thomas Fritsch.

Pour la deuxième année consécutive, donc, « Design Miami.Paris » s’installe à l’Hôtel de Maisons, un hôtel particulier du XVIIIe siècle niché au cœur du quartier Saint-Germain. Les décors XVIIIe de cette demeure historique, qu’a occupé un temps Karl Lagerfeld, forment un écrin parfait pour les œuvres des XXe et XXIe siècles apportées par les galeries sélectionnées. Elles sont 24 cette année, contre 27 l’an passé. Si des marchands comme Jousse Entreprise, ou Jacques Lacoste ne sont pas revenus cette année – ils profitent tout de même du passage des collectionneurs dans leurs galeries parisiennes –, d’autres étaient déjà présents en 2023, à l’instar de Hostler Burrows (New York), Morentz (Waalwijk), Friedman Benda (New York, Los Angeles, Paris), Pierre Marie Giraud (Bruxelles) ou encore Éric Philippe. « L’Hôtel de Maisons est un lieu exceptionnel. Nous avons été très enthousiasmés par notre première participation l’an passé, alors il était naturel pour nous d’y participer à nouveau. Nous connaissons bien l’équipe organisatrice avec qui nous travaillons depuis de nombreuses années à Miami et Bâle », rapporte le marchand parisien, venu avec un ensemble de meubles en noyer d’Amérique dont les dessus sont entièrement habillés de nacre d’abalone, créé par l’architecte américain Paul László (1900-1993) en 1952 pour The Weir Residence à Atlanta. Cinq nouvelles galeries intègrent la manifestation, comme la galerie Gastou, Nilufar, Thomsen Gallery ou bien celle du jeune marchand parisien Maxime Flatry, qui présente un salon aux volumes imposants de Paul Dupré-Lafon (1900-1971), figure majeure de l’Art déco.

La création contemporaine est portée par plusieurs enseignes, dont les galeries Friedman Benda, Carpenters Workshop ou encore la galerie Kreo. Cette dernière met en vente des pièces dont les prix s’échelonnent entre 8 000 et 150 000 euros, dont trois pièces importantes : Trait d’Union - Hyphen qui fait office à la fois d’échelle et de luminaire, en bronze, de Guillaume Bardet (voir ill.) – le designer a été choisi pour créer le nouveau mobilier liturgique de Notre Dame –, la chaise Tower Hills de Virgil Abloh, également en bronze, et le fauteuil Poltrona White Gold, d’Alessandro Mendini, en mosaïque de verre.

Les amoureux des pièces historiques peuvent aller sur les stands de Downtown-Laffanour, Patrick Seguin (qui expose une sélection d’assises de Jean Prouvé), Meubles et Lumières ou encore la galerie Chastel-Maréchal qui dévoile notamment des miroirs de Line Vautrin – dont elle promeut ardemment le travail – et une table basse Sphère, de Jean Royère, vers 1948, provenant d’un important ensemble commandé au créateur et resté dans la même famille depuis (entre 350 000 et 400 000 €).

Plusieurs galeries spécialisées en céramique sont présentes. Outre l’enseigne monégasque Lebreton, qui montre un Pichet anthropomorphe de Jean Derval, vers 1950, (voir ill.), Thomas Fritsch, revient aussi pour la deuxième fois. Comme l’an passé, il partage son espace avec la galerie Downtown-Laffanour : « J’ai apporté peu de pièces mais des pièces historiques, la plupart uniques et de grand format. » Parmi les créations exposées (de 8 000 à 200 000 €), dont celles d’André Borderie, Georges Jouve ou Jacques et Dani Ruelland, figurent deux pièces uniques de Guidette Carbonell (1910-2008), Lion fantastique, 1944, en céramique émaillée vert et Lion debout, de la même année, en terre cuite patinée.

Deux galeries parisiennes exposent des bijoux, à l’instar de Karry Berreby, déjà présente l’an passé, rejointe cette année par la Galerie MiniMasterpiece (Paris). Cette dernière mise sur une scénographie originale réalisée entièrement en carton brut. Celle-ci se compose d’une table monumentale de 4 m de long, sur laquelle est exposée une collection de cinquante bijoux conçus par onze artistes et designers contemporains, dont Wang Keping, Walid Akkad et Mathilde Bretillot (prix : de 1 500 à 40 000 €).

L’an prochain, la foire devrait prendre place dans un nouveau lieu. En effet, les organisateurs souhaiteraient un lieu éphémère, qui n’avait pu être trouvé cette année en raison des Jeux olympiques. Dommage pour la beauté du lieu mais selon les marchands,« ce sera plus adapté car ici, c’est trop contraignant pour des questions logistiques, le fait que l’on partage les espaces et qu’on ne peut rien accrocher au mur ».
DESIGN MIAMI.PARIS,
du 15 au 20 octobre, L’Hôtel de Maisons, 51, rue de l’Université, 75007 Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°640 du 4 octobre 2024, avec le titre suivant : Design Miami / Paris s’ancre dans la capitale

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