Le Rijksmuseum est en bonne position pour décrocher la palme de l’exposition la plus surprenante de l’année grâce à une manifestation ambitieuse et originale, exclusivement dédiée à la micro-sculpture néerlandaise de l’extrême fin du Moyen Âge.
Un sujet de niche ? Certes, mais un sujet passionnant qui met en lumière des merveilles méconnues et d’une virtuosité à couper le souffle. À ce jour, les experts ont recensé environ cent vingt-cinq objets de ce type, réalisés vraisemblablement par le même atelier dirigé par Adam Dircksz, à Delft. Grâce à une fructueuse collaboration scientifique avec d’autres prestigieux musées, l’établissement amstellodamois a réussi à rassembler la moitié de ce corpus afin de comparer ces pièces entre elles et tenter de lever le voile sur leur procédé de fabrication qui défie l’entendement. Cette production sidère en effet par sa finesse et sa maestria. Il ne s’agit pas de vains mots, car cet ensemble énigmatique et fascinant rassemble des œuvres miniatures, qui n’excèdent pas quelques dizaines de millimètres. Véritable tour de force technique, ces compositions, qui se savourent à la loupe, représentent pourtant des épisodes bibliques fourmillant de détails et des effets de perspective stupéfiants. Et certains objets se paient même le luxe de renfermer des scènes cachées. Ces nano-chefs-d’œuvre creusés dans le buis adoptent les formes les plus diverses : noix de prière, patenôtre, retable, memento mori dans un crâne, et même un minuscule cercueil renfermant un cadavre microscopique. Objets de dévotion, ces sculptures étaient aussi des objets de curiosité à la mode, particulièrement recherchés par les plus grands commanditaires de l’époque. Outre leur perfection technique, ils possèdent d’ailleurs une qualité typique de leur temps : le sens de la désinvolture et le goût du jeu. L’un des exemples les plus facétieux est assurément cette irrésistible sculpture imitant une cosse de petit pois. Comble du chic, chaque pois s’ouvre en deux parties, dotées chacune d’une saynète. Bluffant !
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Des mondes petits mais costauds
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°704 du 1 septembre 2017, avec le titre suivant : Des mondes petits mais costauds