Des historiens s’opposent au projet de démolition du monument aux morts allemand de Sedan

L’AFP rapporte que la destruction du monument, qui menace de s'effondrer dans un cimetière de la commune, a été inscrite au budget de la ville, au grand désespoir des historiens qui souhaiteraient en faire un « symbole de la réconciliation ». Sébastien Haguette, président de l'Association d'histoire et d'archéologie de Sedan, explique qu’il faudrait « trouver environ 50.000 euros pour réhabiliter l'édifice et en faire un outil mémoriel emblématique de la réconciliation franco-allemande », alors que le maire refuse d'y consacrer des crédits et conteste l'intérêt historique du monument, évoquant « un édifice de provocation qui n'a aucune valeur à tel point que les autorités allemandes s'en fichent comme de l'an 40 ».

Pourtant, l'historien Nicolas Offenstadt, maître de conférences à l'Université Paris 1 et spécialiste du premier conflit mondial, insiste sur le fait que « c'est un lieu de mémoire remarquable qui témoigne à la fois de la zone d'occupation allemande en 1914, des pratiques funéraires et des discours de guerre du fait des inscriptions encore visibles sur son fronton ». Il ajoute que : « Vouloir détruire ce bâtiment très rare relève d'une grande méconnaissance du patrimoine de la Grande Guerre et de sa valorisation, particulièrement à l'aube du centenaire ».

De son côté Didier Herbillon, qui est professeur d'histoire de l'art et estime avoir « un peu d'idées sur la valeur patrimoniale d'un monument », affirme avoir consulté l'ensemble des associations d'anciens combattants, toutes rangées à son avis. Il en conclut que « ce bâtiment met en danger la population qui se promène dans le cimetière » et que, même s’il ne s'oppose pas à sa réhabilitation, « si l'Etat ou d'autres veulent se charger de la conservation, libres à eux, mais la ville de Sedan ne mettra pas un centime de plus dans cette affaire que les 13.000 euros qui ont été décidés pour sa destruction ».

Le monument aux morts allemand, à l'abandon depuis plus d'un demi-siècle, a été édifié par les troupes de Guillaume II en 1915. D’apparence antique, avec ses quatre colonnes doriques, c'est l'un des premiers bâtiments réalisés en béton armé.