De l’art contemporain à vendre dans la Tour de Londres

Par Éléonore Thery · lejournaldesarts.fr

Le 21 mai 2013 - 597 mots

LONDRES (ROYAUME-UNI) [21.05.13] - Laurence Dreyfus, conseillère en art, transpose à Londres dans la « Maison du docteur » de la Tour de Londres, son concept Chambres à part. Une habile façon de surprendre les acheteurs et de s’adapter à un contexte morose.

Voilà maintenant 6 ans que Laurence Dreyfus organise en marge de la FIAC, Chambres à part, une sélection d’œuvres d’art contemporain repérée aux quatre coins du monde, et présentée à des collectionneurs dans l’environnement feutré de grands hôtels parisiens. Du 13 au 26 mai, la jeune femme transpose son concept outre-Manche et propose un projet atypique dans la maison du docteur de la Tour de Londres.

Si rôdé que soit le principe de Chambres à part, qui permet à la conseillère en art d’offrir une vitrine à ses activités et au collectionneur d’imaginer les œuvres dans son propre intérieur, cette expérience londonienne n’en est pas moins une première à plusieurs égards. « Il faut essayer de s’inventer en permanence » affirme-t-elle, et ce, particulièrement pour retenir l’attention des acheteurs.

Ainsi de la traversée des frontières : l’opportunité d’un tel projet est certes née de sa rencontre, puis de son association avec Karen Marr, collectionneuse et fille du docteur de la Tour de Londres, mais Laurence Dreyfus avait en tête depuis un certain temps de développer son concept à l’étranger. Un pas qu’il était judicieux de franchir en ces débuts 2013, alors que la conseillère en art constate en France « un gros ralentissement et beaucoup de frilosité, dans un contexte qui ne permet pas de donner la priorité aux achats ».

Autres différences avec Paris, l’organisation de Chambres à part dans un lieu historique, mais aussi le dialogue de pièces contemporaines avec des chefs-d’œuvre du passé. C’est au sein d’une forteresse royale datant du Moyen Age qu’est montré un ensemble d’œuvres mêlant artistes historiques, comme Dürer ou Turner, valeurs phares de l’art contemporain, tel James Turrell ou artistes émergents, notamment Patrick Neu. « Il fallait rassurer les collectionneurs mais aussi démontrer que l’art contemporain peut tenir dans cet environnement historique » explique Laurence Dreyfus.

Le fait d’être, non sans mal, adoubé par une autorité publique, en l’occurrence celle de la Tour de Londres s’est révélé payant : « Beaucoup de portes s’ouvrent, cela m’a permis une certaine institutionnalisation » explique la jeune femme.

Chambre à part, habituellement monté pendant la FIAC n’est pas ici organisé en marge d’une grande messe de l’art contemporain. « C’était à double tranchant : pas de concurrence mais moins facile de faire venir les collectionneurs. En fait nous avons beaucoup de monde et nous ne sommes pas dilués, comme nous aurions pu l’être face à la Frieze. C’est un nouveau modèle économique pour nous » confie Laurence Dreyfus.

L’exposition investit les quatre étages de la maison atypique du docteur : s’inspirant du contexte de la Tour de Londres et de son histoire depuis le Moyen Age, Dark to light s’étire de l’ombre vers la lumière. Le parcours débute dans la cave avec des œuvres d’Andreï Molodkin, se poursuit dans les étages avec Hiroshi Sugimoto, Monique Frydman ou Claire Fontaine, pour s’achever avec une pièce de James Turell, et offrir depuis la terrasse une vue imprenable sur le Pont de Londres. Côté prix, comptez de 4 700 euros à 7 millions d’euros. Parmi les ventes, figurent un dessin de Shahpour Pouyan et plusieurs verres de Patrick Neu et les pistes sont sérieuses pour Turner ou Marcel Broodthaers. « Positif sans hystérie » conclut Laurence Dreyfus.

Légende photo

La tour de Londres - © Photo Onofre_Bouvila - 2006 - Licence CC BY 2.5

Chambres à part VII - Dark to light La maison du docteur – La Tour de Londres 2, Tower Green, Londres Du 13 au 26 mai, de 10h à 19h

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque

GESTION DES COOKIES