Succession Robert Indiana : accord amiable entre deux ayants droit

La Morgan Art Foundation, société privée qui représenta Robert Indiana pendant 25 ans et possède les droits d’auteur sur ses œuvres, et la Star of Hope Foundation, unique bénéficiaire de sa succession suite à sa mort en 2018, ont trouvé un accord amiable le 21 septembre dernier. Les deux entités devraient ainsi continuer à travailler ensemble pour promouvoir l’œuvre de l’artiste et avancer sur certains projets dont « le catalogue raisonné, la maintenance du site web de l’artiste, la promotion, la production et la vente des reproductions de [ses] œuvres », comme le précise l’avocate de la Morgan Art Foundation.

Une conclusion heureuse, qui devrait contribuer à dénouer un peu cette affaire complexe à différents niveaux et dans laquelle diverses parties sont empêtrées depuis plus de 2 ans.

En 2018, Robert Indiana a alors 89 ans et vit depuis plusieurs années retranché et de plus en plus coupé du monde dans sa demeure de Vinalhaven, dans le Maine. Ses proches s’inquiètent de ne plus pouvoir le joindre. La veille du décès de l’artiste, le 18 mai 2018, la Morgan Art Foundation décide de déposer une première plainte contre l’éditeur et marchand d’art Michael McKenzie et sa société American Image Art, ainsi que contre Jamie Thomas, son soignant et aide de vie. 

La société les accuse d’avoir volontairement isolé l’artiste et de profiter de sa faiblesse pour créer des œuvres en son nom sans que celui-ci, aveugle et malade, ne participe en quoi que ce soit au processus de création. Des échanges de messages entre McKenzie et Thomas, publiés par le New York Times, montrent que les deux hommes semblent élaborer des œuvres sur le modèle du fameux LOVE, sans que Robert Indiana ne soit consulté. 

Après le décès d’Indiana entre en scène un nouveau protagoniste : son exécuteur testamentaire James Brannan. Dans ses dernières volontés, l’artiste avait fait savoir qu’il souhaitait que sa demeure devienne un musée présentant ses œuvres, sous la houlette de la Star of Hope Foundation, une entité indépendante et non-lucrative. Brannan aurait dû superviser le bon transfert des biens d’Indiana à cette dernière. Mais en lieu et place, il poursuit la Morgan Art Foundation, contestant la validité des contrats de la compagnie avec l’artiste. 

Une seconde plainte portée par la Morgan Art Foundation en septembre 2018, ciblait cette fois James Thomas, pour mauvais traitements envers une personne âgée, et James Brannan, pour mauvaise gestion de sa succession. Celui-ci a en effet dû vendre deux toiles d’Ellsworth Kelly et Ed Ruscha pour régler les frais de justice. 

L’accord amiable conclut entre la Morgan Art Foundation et la Star of Hope Foundation dessine un nouveau partenariat qui permettrait de dénouer au moins une partie du conflit. Les avocats de la Morgan Art Foundation ont en effet estimé que cet accord permettait de court-circuiter l’exécuteur testamentaire, qui a de toute façon dilapidé le patrimoine de l’artiste. 

« Cet accord devrait mettre fin au litige malencontreux et inutile avec James Brannan relatif à la succession. La Morgan Art Foundation continuera à promouvoir et exposer l’héritage de Robert Indiana. Nous sommes impatients de débuter une collaboration productive avec la Star of Hope Foundation » a déclaré un des avocats de la Morgan Art Foundation, cité par le Lewiston Sun Journal. James Brannan a pour sa part fait entendre qu’il ne comptait pas se laisser écarter de cette façon.  

Cet accord ne résout en tout cas pas le volet concernant les possibles fraudes et abus, dont les poursuites à l’encontre de McKenzie et Thomas sont toujours en cours.