On la disait moribonde, la voilà renaissante ! En quasi-banqueroute en 2008, la Biennale de São Paulo est redevenue ce qu’elle n’aurait dû cesser d’être : l’une des plus importantes au monde.
SÃO PAULO - Une importance qui tient à son histoire, à son ampleur – l’édifice de Niemeyer abritant la manifestation, dans le parc Ibirapuera, offre une superficie de près de 30 000 mètres carrés –, mais surtout à sa qualité. L’affaire paraissait pourtant mal engagée, avec un titre pour le moins elliptique, « Il y a toujours une tasse de thé dans laquelle naviguer », annonçant une thématique bien peu originale portant sur art et politique. Néanmoins, au-delà des discours convenus et d’un caractère par trop revendicatif, c’est une volonté assez large de montrer les différents types de transgression à l’œuvre dans le réel et le quotidien qui domine le propos. Le problème est d’emblée posé par Paulo Bruscky, qui en 1978 interrogeait dans la rue, un écriteau autour du cou, « What is art ? ». En termes de transgression, l’invitation de tagueurs, véritable phénomène social à São Paulo, et qui avait déjà émaillé l’édition 2008, permet d’ancrer la réflexion dans une réalité. Avec cent cinquante-neuf artistes, l’exposition est fleuve, peut-être un peu trop, d’autant que la présence de sept commissaires contribue par endroits à noyer certains propos. La sélection a toutefois globalement fière allure, avec de bonnes œuvres signées de noms connus tels Francis Alÿs, Miguel Rio Branco, Mario García Torres, Chantal Akerman ou Lygia Pape, et de belles découvertes parmi toutes les générations, comme les peintures nocturnes du jeune Rodrigo Andrade, ou le dispositif mêlant film et photographies du sexagénaire vénézuélien Jacobo Borges. Mais la qualité première de cette biennale tient à sa générosité, son ouverture, sa proximité avec le quotidien et sa manière simple et directe de poser des questions concrètes. L’installation dans le parcours de six « Terreiros », des lieux de rencontres permettant de lire ou de voir des films ou des performances, participe de cette construction ouverte. Les thématiques qu’ils avancent, interrogeant le langage et le discours, la complexité de l’espace urbain, la mémoire ou les utopies, ont induit six déambulations différentes, qui sont proposées aux visiteurs en fonction de leur sensibilité ou de leurs préoccupations. Ils invitent à se perdre au gré de l’architecture à la fois rigoureuse et tout en sinuosités de Marta Bogéa, qui multiplie les entrées et points de vue sur la complexité du monde.
Jusqu’au 12 décembre, parque Ibirapuera, portão 3, pavilhão Ciccillo Matarazzo, São Paulo, tél. 55 11 5576 7600, www.fbsp.org.br, lundi à mercredi, samedi et dimanche 9h-19h, jeudi et vendredi jusqu’à 22h. Catalogue, éd. Biennale de São Paulo, 450 p.
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São Paulo généreuse
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Abonnez-vous dès 1 €- Commissaires en chef : Moacir dos Anjos et Agnaldo Farias
- Commissaires invités : Fernando Alvim, Rina Carvajal, Yuko Hazegawa, Sarat Maharaj, Chus MartÁnez
- Nombre d’artistes : 159
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°333 du 22 octobre 2010, avec le titre suivant : São Paulo généreuse