À Rebours du temps

Mode, design, joaillerie, livres d’art et éditions d’artistes y composent un panorama régulièrement renouvelé de la création contemporaine dans une architecture sur mesure (agence Ciguë). Outre la sélection de petits labels (We do not work alone, Bless…), le magasin présente, et produit, ses propres éditions. Lancés pour l’inauguration des lieux, les modèles de Bic de Saâdane Afif (Noir c’est noir, Au hasard Balthazar, Faux-semblant), versions décalées du fameux stylo à bille, sont ainsi devenus des best-sellers emblématiques de son succès. Preuve que l’on peut faire une boutique de musée autrement ? Baptisée À Rebours – emprunt décomplexé au roman de Huysmans –, l’échoppe se définit en effet par sa volonté d’aller à contre-courant de ce qui se fait déjà ailleurs. « Nous voulions éviter l’esprit gadget des produits dérivés », affirme Pauline Vincent, la responsable. Cette ancienne acheteuse mode des Galeries Lafayette constate, sans surprise, l’appétence de la clientèle pour les objets qui témoignent de savoir-faire et « ont une histoire à raconter », dans un environnement qui mélange les genres et les gammes de prix et qui cultive l’esprit de rareté. Bracelet-poème de Tarik Kiswanson, sweat-shirt signé Simon Fujiwara, T-shirt de Lutz Bacher et, prochainement, ligne de vêtements par l’artiste Lucy McKenzie, les éditions d’À Rebours font écho à la programmation de la fondation selon un principe qui rappelle celui des collections capsules de marques de prêt-à-porter. La fascination réciproque de l’art et de la mode n’est pas nouvelle, ni l’idée de redonner de la valeur aux objets du quotidien. Jouer sur ces deux registres est un contresens bien dans l’air du temps.