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CENTRE CULTUREL

À Poitiers, un Confort deux fois plus moderne

Par Mathieu Oui · Le Journal des Arts

Le 13 décembre 2017 - 633 mots

POITIERS

L’ancien entrepôt qui mixe musiques actuelles et arts visuels a modernisé ses installations pour s’adapter aux nouvelles demandes.

Poitiers. Impossible désormais de rater l’entrée du Confort Moderne. Avec ses rayures en zig-zag aux teintes acidulées, le mural de Sabina Lang et Daniel Baumann sur les façades de la petite maison de quartier du Pont-Neuf est le signal urbain qui manquait à cette friche culturelle des faubourgs de Poitiers. Après une fermeture de seize mois de travaux pour réhabilitation, la structure mixant musiques actuelles et arts visuels réouvre au public le 16 décembre. Le site réaménagé regroupe trois acteurs culturels : l’association l’Oreille est Hardie (gestionnaire du lieu), l’association Jazz à Poitiers et la fanzinothèque. « Pensé avec l’ensemble des acteurs, notre projet se déploie entre musique, art contemporain, éducation, recherche, édition, explique Yann Chevallier, le directeur du Confort Moderne. L’idée était aussi de mutualiser nos forces pour gagner en ampleur. »

Depuis l’emménagement de l’association en 1985 dans l’ancien entrepôt d’électroménager dénommé le Confort 2000, ces locaux avaient vieilli. Ils ne correspondaient ni aux normes d’accueil du public ni à celles des productions artistiques. « Notre espace d’exposition n’était pas chauffé, la salle de concert était très basse, cela ne nous permettait pas de faire de création lumière », détaille Yann Chevallier. Le directeur souligne également la forte compétition actuelle entre les salles de musique pour l’accueil des tournées dans des conditions techniques professionnelles. Désormais la salle de concert et le club de 200 places pourront être loués pour des productions extérieures. L’association prévoit d’organiser 100 concerts annuels, dont 50 à 60 produits ou coproduits, le reste étant assuré par des producteurs extérieurs ou des projets associatifs. « L’idée est de faire tourner ces nouveaux équipements, avec le bar comme l’un des principaux piliers de notre modèle économique. Notre objectif est ­d’atteindre 40 % d’autofinancement dans deux ans. »

Les travaux ont été aussi l’occasion de repenser l’accueil durant la journée, à travers à la fois une entrée unique au lieu des deux d’origine et une circulation intérieure améliorée. Les visiteurs pourront désormais découvrir les deux espaces d’exposition (1 000 m2 et 200 m2), faire une pause-déjeuner au restaurant de 80 couverts (géré directement par l’association et non plus en concession), apprécier les œuvres issues des résidences artistiques exposées dans le jardin ou encore faire un détour dans la boutique de disques Transat. La fanzinothèque, collection unique en Europe de 50 000 publications autoéditées, voit par ailleurs son espace passer de 50 à 250 m2 et être accessible directement par la cour.
 

Construction raisonnée

C’est l’architecte Nicole Concordet, qui a notamment réhabilité le Lieu Unique à Nantes ou la Condition Publique à Roubaix avec Patrick Bouchain, qui a remporté la compétition. Tout en conservant la salle de concert de 800 places et la salle d’exposition de 1 000 m2 qui constituaient les deux éléments phares du lieu initial, elle a travaillé à une meilleure lisibilité des espaces. Outre l’amélioration de la circulation intérieure par un système de rues desservant la structure, une grande toiture a été ajoutée afin d’unifier l’ensemble. Deux nouveaux bâtiments accueillent l’un, la fanzinothèque et les bureaux, et l’autre, des locaux techniques et de stockage au rez-de-chaussée, ainsi que des résidences d’artistes (10 chambres et 2 studios) à l’étage. La réflexion autour du modèle économique passe aussi par une approche raisonnée des travaux et l’usage de matériaux simples et économiques (bois, béton, onduline…). Le montant de l’opération s’élève à 8 millions d’euros TTC, pour 8 500 m2 de parcelle. « L’équipe comprend 17 permanents et un réseau de bénévoles très impliqués, pour un budget annuel de 1,2 million d’euros. C’est dur, même si cela ne nous empêche pas de mener à bien notre double activité. Mais nous allons avoir une marche importante à passer et nous espérons que les partenaires vont nous suivre », conclut Yann Chevallier.

 

 

Tainted love, Feed me with your kiss, Échappée confidentielle
Le Confort Moderne, Du 16 décembre 2017 au 4 mars 2018, www.confort-moderne.fr

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°491 du 15 décembre 2017, avec le titre suivant : À Poitiers, un Confort deux fois plus moderne

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