PARIS
Centre Pompidou - Plus qu’un décor, un paysage : tantôt cage dorée, labyrinthe de lumière, arène mouvante, une structure faite de quatre ovales concentriques tissés d’aluminium, de cuivre et de fer occupe tout l’espace du plateau, semblable à la nature invasive lorsqu’elle n’est pas maîtrisée.
Dans ce panorama aux reflets changeants, infusé de lumière, sept danseurs se frayent des passages laissant libre cours à une danse intuitive, sorte d’incarnation d’une pensée sauvage subsistant à la domestication. Les fines parois métalliques sont manipulées à vue par ces êtres dansants dont les mouvements composent eux-mêmes l’espace, prenant alors le contrôle de cet environnement qui impose ses volumes et ses perspectives. Mais s’agit-il d’un paysage extérieur ou intérieur ? Dans l’espace maîtrisé d’une salle de spectacle, le chorégraphe Fabrice Lambert transpose le « sauvage », cet élan fondamental originel qui échapperait à tout conditionnement. Cette création visuelle et chorégraphique révèle un climat symbiotique dans lequel le dispositif scénique, les corps et les lumières sont en mouvement permanent. L’intensité visuelle est amplifiée par le rythme des percussions jouées en direct parmi les spectateurs, propageant les vibrations sonores jusque dans les gradins. La scénographie circulaire n’est sans doute pas étrangère à la spontanéité des dessins d’enfants décelée par le plasticien et poète Henri Michaux, qui voyait dans leurs tracés de cercles infinis « la vie dans la vie ». Fabrice Lambert partage d’ailleurs la fascination d’Henri Michaux pour le mouvement exprimant, à travers le corps, une réalité intérieure comme un rapport au monde extérieur. « Le corps est révélateur de l’espace dans lequel il vit », explique le chorégraphe. Pour lui, le mouvement est aussi le prolongement du mental : « Danser, c’est penser en grand, avec tout son corps. » Maniant le paradoxe d’un état sauvage mis en scène, Aujourd’hui, Sauvage s’apparente au « jardin en mouvement » du paysagiste Gilles Clément dont s’est aussi inspiré Fabrice Lambert. Tel une friche ordonnée, le plateau se transforme en un désordre organisé puisant sa source à la genèse du corps et de l’esprit.
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Paysage cinétique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°720 du 1 février 2019, avec le titre suivant : Paysage cinétique