Entre Paris et Nantes, « Zones arides » transporte le mythe de l’Arizonaà travers les propositions de huit artistes réunis autour d’Olivier Mosset.
NANTES, PARIS - À Nantes,le visiteur pourrait croire au mirage en pénétrant les anciennes usines LU. Dans l’une des villes les plus humides de France, l’exposition « Zones arides », présentée au Lieu unique, offre la sensation d’avoir été téléporté en plein désert de l’Arizona. Cet effet se prolonge comme en écho à Paris, à la Fondation d’entreprise Ricard, pour le deuxième volet de l’exposition.
« Zones arides » propose de revisiter le mythe du Grand Canyon et des espaces de l’Ouest américain, de se frotter à ses cactus, de goûter son mezcal comme un vrai cow-boy, de se plonger dans ses lignes d’horizon, de s’imaginer en plein western et de barouder sur la route 66 au volant de rutilantes mécaniques…
Cette atmosphère torride est le fruit de l’imagination du commissaire de l’exposition, le Nantais Patrice Joly, directeur de la Zoo Galerie, mais aussi fondateur de 02, revue d’art trimestrielle gratuite. Autour d’Olivier Mosset en guise d’artiste gourou, qui lui-même réside à Tucson, en Arizona, huit artistes européens offrent ici leur propre vision de ces contrées légendaires.
À Nantes comme à Paris, les cactus de John M. Armleder enserrés dans des pneus géants de tracteur accueillent le visiteur. D’emblée, ce dernier est invité à prendre la route. Au mur, les monochromes de Mosset rutilent comme des carrosseries de voitures volées. Tel un coup de pinceau minimaliste dans l’espace, la route de Morgane Tschiember ressemble à une rampe de lancement noire, alors que Wilfrid Almendra a installé au sol une nappe scintillante de gravier blanc : le désert dans toute sa splendeur fantasmatique. Ces deux pièces semblent se répondre sensuellement et se télescopent comme pour encadrer l’espace avec majesté. Jusqu’à faire un peu oublier les autres œuvres : les cartographies abstraites du désert et de l’océan signées Jugnet Clairet, ou la série de cartes postales empilées par Mathieu Mercier, qui fait un clin d’œil aux Indiens Hopi. Ce dernier présente dans le volet parisien une série de masques de base-ball sous vitrine. À Nantes, Aurélien Froment ponctue l’espace de plusieurs moniteurs qui diffusent un reportage sur la ville expérimentale d’Arcosanti. À Paris, il présente l’imaginaire de cette cité construite au milieu du désert à travers dix livres extraits de sa bibliothèque et un diorama miniature qui révèle un horizon fantasmé. Mais, là encore, Tschiember marque sa présence avec force, minimalisme et poésie : ses reconstitutions d’horizons enflammés mettent l’eau à la bouche. Quant à Wilfrid Almendra, son immense sculpture abstraite apparaît comme un condensé des mythes de l’Arizona : un hybride mécanique entre le pot d’échappement, la clé sur le contact et des traces de pneu. Bien que la répartition des pièces entre Paris et Nantes apparaisse inégale, Olivier Mosset conclut assez justement – ou ironiquement – en affirmant que « Zones arides » « est une expo qui tient la route ». Ces deux îlots artistiques, un peu trop dispersés entre Paris et Nantes, se réuniront bientôt à Tucson, où « Zones arides » sera accueillie au Museum of Contemporary Art à l’été 2007.
Jusqu’au 7 janvier, Le Lieu unique, quai Ferdinand-Favre, 44000 Nantes, tél. 02 40 12 14 34, mardi-dimanche 13h-20h, dimanche 15h-19h ; et jusqu’au 5 janvier (fermé du 23 décembre au 1er janvier), Fondation d’entreprise Ricard, Galerie Royale 2, 9, rue Royale, 75008 Paris, tél. 01 53 30 88 00, du lundi au vendredi 10h-19h.
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Oasis artistique
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Abonnez-vous dès 1 €- Commissaire des deux expositions : Patrice Joly - Nombre d’artistes présentés simultanément sur les deux lieux : 8
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°249 du 15 décembre 2006, avec le titre suivant : Oasis artistique