Les jeunes architectes montrent une fascination toujours grande pour l’informatique et un attrait nouveau pour la biotechnologie.
ORLEANS - L’an passé, pour cause de célébration nationale – les 20 ans des FRAC –, les Rencontres internationales d’architecture d’Orléans, alias « Archilab », avaient fait une pause prospective. Au lieu de regarder vers l’avant, Archilab 2003 s’était plongé dans les réserves du FRAC Centre afin d’exposer une partie de cette captivante collection constituée depuis 1991 et riche en maquettes et dessins d’architecture datant des années 1950 à nos jours. Cette année, la sixième édition de la manifestation, qui adopte dorénavant un rythme biennal, scrute à nouveau l’horizon, sinon plus loin encore, pour exhiber expérimentations et recherches novatrices en matière d’architecture et d’urbanisme. Baptisée « La ville à nu », Archilab 2004 réunit pour l’occasion une trentaine de jeunes agences d’architecture. « Aujourd’hui, explique Bart Lootsma, critique d’architecture néerlandais et commissaire de la présente édition, si la ville change, ce n’est pas uniquement du fait des architectes et des urbanistes, mais aussi à cause de tendances nouvelles comme la globalisation ou les nouvelles technologies. J’ai donc voulu montrer comment ces dernières sont prises en compte dans le travail quotidien des architectes. »
Maison incendiée
Premier constat : en regard de la forte participation des États-Unis et des Pays-Bas – contrée dont le commissaire est originaire –, qui forment à eux seuls et à parts égales presque la moitié du bataillon, la présence française est étriquée : deux invités seulement, si l’on inclut l’agence franco-néerlandaise EZCT. En outre, on ne trouve aucun cabinet venu d’Asie, continent jadis grand pourvoyeur de projets « futuristes ». Bart Lootsma a réuni un éventail de cas existants, ou potentiels. On oscille entre l’installation multimédia —les écrans lumineux/miroirs de l’Autrichienne Petra Gemeinboeck— et la présentation aux allures de concours Lépine, avec cet amusant zeppelin télécommandé du groupe suisse Knowbotic Research. Les maquettes, fascinantes, restent néanmoins intrigantes : une maison incendiée, à Detroit, illustrée par un modèle en bois calciné (Dan Pitera), un penthouse graffité à Harlem (PHAT), ou encore un Hélio-scope d’Evan Douglis, véritable tourbillon de crème chantilly… Au fil du parcours, s’affichent notamment cette fascination récurrente pour l’informatique ainsi que l’attrait, plus neuf, pour la biotechnologie, comme avec cet étrange Habitat biologique couleur kiwi du Polonais Zbigniew Oksiuta. En filigrane, sourd une idée de la ville à venir, résultat de l’émergence de nouvelles organisations spatiales et sociales. On la devine, notamment, à travers cette série du photographe batave Bas Princen, Artificial Arcadia, qui montre différentes « Smart Mobs », rassemblements spontanés de personnes, en un même lieu et au même moment, rendus possibles grâce aux réseaux sans fil – Internet, téléphone portable...
Hélas, le visiteur est souvent déboussolé face à certaines situations complexes, comme c’est le cas avec cet urbanisme dit « de frontière » : celle entre San Diego (États-Unis) et Tijuana (Mexique), pour Teddy Cruz, ou celle des colonies israéliennes chez Eyal Weizman. Il est, de fait, tenu à distance : maquettes, photos et programmes informatiques sont ainsi donnés en pâture sans trop d’explications (nombreux textes en anglais, aucune clé de lecture…). Davantage que la ville, c’est bel et bien le visiteur qui se retrouve « à nu », s’il ne consent à jeter un coup d’œil au catalogue, assurément plus explicite !
Jusqu’au 30 décembre, site des Subsistances militaires, 88, rue du Colombier, 45000 Orléans, rens. 02 38 53 06 16, www.archilab.org, tlj 11h-19h, le lundi, 14h-19h ; catalogue, éditions Hyx, Orléans, 60 euros.
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Mirage technologique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°202 du 5 novembre 2004, avec le titre suivant : Mirage technologique