Jouant sur les événements, la durée et les volumes, Guillaume Leblon provoque des infiltrations dans l’espace du FRAC Bourgogne.
DIJON - « Azimut » est le terme d’astronomie employé pour nommer l’angle formé par le plan vertical d’un astre et celui méridien du point d’observation. Une façon de désigner une position dans l’espace, que Guillaume Leblon a prise comme titre à sa proposition au Fonds régional d’art contemporain de Bourgogne (FRAC), intitulé auquel on serait tenté d’adjoindre l’adjectif « tous » et de passer au pluriel. Pas tant pour qualifier une hétérogénéité des formes ou un foisonnement iconographique avec lesquels l’artiste (né en 1971) a peu à voir, mais davantage pour traiter d’un minimalisme poreux qui assume sa théâtralité, les événements et les narrations qu’il peut arrimer dans ses formes. Les interventions de Guillaume Leblond sont à déployer mentalement, comme son Volume d’intérieur composé de 500 m2 de moquette roulée dans une forme molle, massive et anthropomorphe, ou le Mur Barasti qui occupe le fonds du premier espace du FRAC. Inspiré d’une toiture conçue par l’architecte égyptien Hassan Fathy pour augmenter la circulation de l’air, le bas-relief en reprend la construction en accordéon même si, de profil, il a des allures martiales de colonnade années 1930. Placoplâtre ici, tas de moquette ou débris sortant des Trunks – ces malles de PVC aux allures de volumes de Donald Judd dans lesquels l’artiste range ses effets –, les matériaux de Guillaume Leblond appartiennent souvent à la construction. Ils signalent une possibilité de développement, de déploiement si l’on se réfère au mur plié. Invité en 2001 à intervenir à la galerie associative Public (Paris), l’artiste avait ainsi étalonné l’espace à partir d’une table posée en son centre, relevant le plancher à sa hauteur.
À ces effets de dilatations physiques, Guillaume Leblon en a superposé d’autres, de nature temporelle : sur un cycle de vingt minutes, l’éclairage monte et descend en intensité et s’achève par la projection d’un bref film 16 mm, enregistrement fugace de trois éclairs. Enfin, un trou ménagé dans le mur donne directement dans le jardin du voisin pour permettre au chien de garde de signaler sa présence de manière aléatoire. Doucement, l’exposition installe donc un réel contaminé par des ouvertures, sons, images et apparitions fugaces. Une infiltration douce qui se dévoile davantage dans la seconde salle d’exposition, variation inconsciente de la première. Là, un dispositif camouflé dans le mur (QI) fait apparaître de temps à autre un nuage de fumée au ras du sol, au-dessus duquel flotte un lustre dessiné comme en songe (Contour). Dernier espace laissé au travail du rêve, une affiche publicitaire : quatre mètres sur trois de Bleu Nuit, comme le dit son titre.
Jusqu’au 17 mars, Fonds régional d’art contemporain de Bourgogne, 49 rue de Longvic, 21000 Dijon, tél. 03 80 67 18 18, du lundi au samedi 14h-18h, www.frac-bourgogne.org. Catalogue à paraître.
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Minimal azimuté
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°188 du 5 mars 2004, avec le titre suivant : Minimal azimuté