Impossible de faire la sourde oreille et pour cause, puisqu’il s’agit présentement d’écouteurs intra-auriculaires.
Le modèle inédit que dévoile, en cette nouvelle année, le designer anglais Michael Young est plutôt réussi. Baptisé « Noisezero i », il l’a imaginé pour la firme new-yorkaise Eops (1). Pas bling-bling pour un sou, ces écouteurs sont, au contraire, on ne peut plus discrets grâce notamment à une gamme de quatre couleurs du plus bel effet, mates et douces à souhait : charbon de bois, brun rustique, bleu nuit et vert sauge, des nuances somme toute plutôt reposantes dans cet univers technologique qui flirte régulièrement avec le strass et les paillettes. Mais là n’est pas la seule originalité. Leur singularité est aussi esthétique. La forme desdits écouteurs, traditionnellement proche de celle d’un suppositoire afin de pénétrer en douceur dans le conduit auditif externe, est ici pincée à l’arrière, ce qui présente plusieurs avantages. D’une part, l’objet offre une meilleure préhension et s’avère donc plus facile à manipuler ; d’autre part, cette bonne prise en main permet de faciliter le positionnement de l’écouteur dans l’oreille et l’isolement sonore passif. Ainsi l’utilisateur tient-il la partie mince des écouteurs entre son pouce et son index, puis insère les embouts en silicone dans le conduit auditif externe et, enfin, les fait tourner de 90 degrés comme on « visse » un bouchon de liège à l’intérieur du goulot d’une bouteille, assurant illico une totale herméticité dudit conduit. Le résultat est saisissant : une fois les « intras » en place, on est littéralement coupé des stimuli sonores du monde extérieur. À contrario, la réception audio, elle, est accrue. À base de fécule de maïs Dernier argument de poids, si l’on peut s’exprimer ainsi car ce dernier a, au contraire, subi une petite cure d’amaigrissement : le matériau dans lequel sont coulés les écouteurs est un bioplastique réalisé à base de… fécule de maïs. « Outre le fait que cette matière soit bio friendly [autrement dit environnementalement correct], sa texture optimise les performances acoustiques, explique Michael Young. Cette matière associée à cette forme unique génère un son d’une grande clarté, aussi bien dans les aigus, brillants, que dans les graves, grâce à l’ouverture placée à l’arrière des écouteurs. » L’homme sait de quoi il parle. Né en 1966 à Sunderland, près de Newcastle dans le nord de l’Angleterre, et diplômé en « design produit et mobilier » de la Kinston University de Londres, il est en effet venu s’installer à Hongkong en 2006, l’une des plaques tournantes mondiales des produits high-tech. Depuis, il œuvre beaucoup pour les firmes de l’univers des nouvelles technologies, à fortiori, stratégie géographique oblige, pour celles de l’empire du Milieu. « C’est le design en tant qu’art industriel qui m’intéresse, non pas dans une édition limitée, mais dans la production en série », répète-t-il à l’envi. Rayon high-tech, on se souvient notamment de ses clés USB en forme de bracelets, de son ludique lecteur MP3 pour Kuro Neko Music et de sa « Soft Capacity Mouse Ignition », une amusante souris d’ordinateur à l’allure de minicasquette de baseball. En 2008, toujours pour Eops, il avait déjà dessiné la gamme « i24R3 » : une station d’accueil pour iPhone et deux enceintes sans fil. Ces dernières ne sont pas sans rappeler, dans un format supérieur évidemment, la silhouette de ces nouveaux écouteurs Noisezero i . Réflexion faite, c’est sans doute l’inverse : ce sont plutôt les baffles i24R3 qui ressemblent à des écouteurs surdimensionnés. Bref, petite ou grande échelle, tympans, marteaux et enclumes ne vont pas en croire leurs oreilles !
(1) Renseignements supplémentaires et tarifs : www.eopstech.com
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Michael Young - Oreille absolue
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°339 du 21 janvier 2011, avec le titre suivant : Michael Young - Oreille absolue