Maxime Rossi crée de petites sculptures en bronze et d’immenses gonflables, des installations où prennent place dessins et écrans déployés en leporello, des comédies musicales et des « thrillers psychédéliques ».
Son travail, en constante métamorphose, ne s’appréhende ni par le prisme d’un médium ni par celui d’un thème récurrent. Contre-culture, pop culture, subculture, culture technologique, références classiques, historiques, politiques… : on croise dans son œuvre des partitions de Chopin constellées de taches de couleur, des algorithmes fous, des vitraux à motifs op art, le personnage d’un fanzine antifasciste des années 1970, la floraison orgasmique d’un « jasmin bâtard », le décor d’un salon de coiffure…
La musique, elle, a toujours été là. Ou presque. En 2012, pour sa première installation au Palais de Tokyo (Mynah Dilemma), Maxime Rossi place au milieu de la pièce un mainate auquel il a appris « le silence assourdissant de [s]on appartement », ponctué de bruits de volets électriques et d’aboiements que le volatile reproduit à la perfection. Ce travail, « plus introspectif » que celui qu’il développe aujourd’hui, le conduit à être invité à la 19e Biennale de Sydney. C’est là, en Australie, qu’il rencontre son galeriste, Joseph Allen, et échafaude son premier projet musical, Sister Ship (2015), inspiré par l’univers de la religieuse américaine sœur Corita Kent qui développa une pratique artistique dans les années 1970. Vidéo spatialisée, éléments scéniques, sérigraphies ou bande-son, l’orchestration de cet objet hybride se traduit par la constitution autour de lui d’une communauté de talents d’horizons divers. Ce goût du collectif est resté, depuis, une des caractéristiques de son œuvre. On le retrouvait ainsi dans l’exposition « Christmas on Earth Continued », convoquant histoire du rock et dérive du FBI, et où figurait le groupe Dirty Song constitué par l’artiste avec le musicien anglais David Toop. Collage musical et sonore, réflexion sur le langage, ce vaste télescopage était géré par une intelligence artificielle qu’incarnait une fleur nocturne.
Cet été, pour « Les moyens du bord », collaboration de La Villette avec le Centre Pompidou, Maxime Rossi a improvisé un opéra de poche interprété par deux chanteuses lyriques et rêvé, en guise de final, d’un pique-nique dans le parc, comme une immense fête. « La raison pour laquelle je m’étais intéressé à sœur Corita Kent, c’est qu’à un moment, on ne sait plus ce qu’on regarde : la vidéo d’une kermesse, d’une manifestation, d’un happening ? Ni s’il s’agit d’un documentaire ou d’un film. » Ce mélange des genres, de même que la dimension immatérielle, sont les constantes d’une démarche dont Joseph Allen souligne combien elle offre de multiples niveaux de lecture. Cette complexité séduit d’ailleurs les institutions : l’œuvre de Maxime Rossi est entrée dans les collections du Cnap et l’artiste a été sélectionné pour concevoir l’image de l’affiche de la prochaine Nuit blanche, ainsi que son animation et sa programmation numérique. Le tout constituera une œuvre en soi. Hybride, bien sûr.
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Maxime Rossi
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°736 du 1 septembre 2020, avec le titre suivant : Maxime Rossi