Marie Bovo - Photographe

Elle a d’ailleurs toujours montré son travail à sa famille, attendant leurs réactions. Devant Evening Settings, sa dernière série de photographies liées à la préparation des repas dans les cours des maisons d’un petit village ghanéen, sa mère a évoqué sa propre enfance et la manière dont on cuisinait alors à Alicante. Ce n’est qu’en 2003, à l’âge de 36 ans, que Marie Bovo s’est « autorisée à être artiste », c’est-à-dire à montrer son travail de photographe malgré le milieu artistique dans lequel elle évoluait. Ce n’est qu’aujourd’hui qu’elle évoque « sa pratique clandestine » du dessin et de l’aquarelle, entamée lorsqu’elle était étudiante. L’exposition programmée en avril chez Kamel Mennour devait en révéler quelques pièces. Quant à son attachement à Marseille, où elle vit depuis le lycée, elle le relie à la vitalité de cette « ville hirsute, désordonnée, extrêmement vivante et au mélange de populations qui donne le sentiment d’être dans le monde malgré sa gentrification ». Films, au premier rang desquels La Voie lactée (une odyssée dans la ville d’un lait oublié sur le feu), ou séries sur les cours intérieures du quai de la Joliette, ou sur un camp de Roms, portent cette vie « qui s’invente constamment » et dont la beauté, née de ce vivant, ne lui échappe pas.