Nantes - Première mise en scène du photographe et plasticien suisse Augustin Rebetez créée en 2015 au Théâtre de Vidy-Lausanne, Rentrer au volcan est une plongée abrupte dans un univers visuel fort où les corps déformés, masqués, contorsionnés évoluent au contact d’un décor mouvant, fait de machines et autres objets mécaniques en matériaux bruts.
Filiation directe et assumée avec Jean Tinguely et Tadeusz Kantor. Sensible au cadrage frontal, Augustin Rebetez explore ici la profondeur du plateau et les espaces latéraux sans chercher à créer d’illusion : « Tout est montré dans son état brut, authentique, créant un rapport direct entre la scène et le public. » Au fil du spectacle, le décor se transforme ; des panneaux se déplient, s’ouvrent, pour modifier les zones visibles et créer différents focus. Augustin Rebetez tient à préciser qu’il est avant tout issu des arts visuels, rappelant que le processus créatif de Rentrer au volcan a débuté par la fabrication des masques et du décor articulé. Ses machines et objets aux mouvements mécaniques créent des formes et des rythmes étranges qui rencontrent les corps aux limites de leur condition humaine, tantôt affublés de masques et de costumes, comme sortis d’un tableau de Jérôme Bosch, tantôt difformes dans leurs contorsions poussées à l’extrême. Pour l’artiste, le corps est une fascinante matière première qu’il dit ainsi « sculpter » pour en extraire l’essence la plus primitive : « Rentrer au volcan est pour moi comme rentrer à l’intérieur de soi, à l’origine des choses. » Sur scène, la palette de couleurs est semblable à celle de son travail de plasticien : noir, blanc, gris, ocre, sable, beige : « J’utilise rarement les couleurs vives, pour attirer le regard sur un élément précis, je préfère conserver les teintes naturelles des matériaux. » Cette première mise en scène, complétée depuis par deux autres créations, est assurément issue des profondeurs d’Augustin Rebetez. Sa puissance visuelle jaillit tel le magma bouillonnant depuis le cœur du volcan.
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Machines et corps en fusion
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°711 du 1 avril 2018, avec le titre suivant : Machines et corps en fusion