L'Université d'Aix-en-Provence va se doter d'un pavillon de conféÂrences, un projet très intéressant signé Edouard François et Duncan Lewis, à mi-chemin entre architecture et installation artistique, dans le voisinage immédiat d'un monument historique.
AIX-EN-PROVENCE - Le pavillon Lenfant va accoucher d'un petit dernier. L'institut d'études comparatives internationales de l'académie d'Aix-Marseille III, propriétaire d'un bâtiment du XVIIe siècle, avait besoin d'agrandir sa capacité d'accueil pour les conférences. Bastide classée, jardin classé - il fait partie des cent-soixante jardins "remarquables" que les pouvoirs publics recommandent de visiter -, le pavillon Lenfant, construit en 1678, jouit d'une protection absolue. Autant dire que toute intervention moderne ne peut se faire qu'avec délicatesse et pertinence. Le projet d'Edouard François et Duncan Lewis répond à ces critères. Il s'agit donc de construire une annexe, en marge de la perspective hautement classique, en opérant la récupération d'un espace résiduel du jardin, un triangle que certains ont imaginé occuper avec de vulgaires baraques de chantier, au grand dam de l'architecte des Bâtiments de France. Fidèle à leur démarche sur le territoire ( place d'Youville à Montréal, viaduc de l'autoroute B12 à Saint-Quentin-en-Yvelines...) l'équipe retenue a pris le parti de ne pas rivaliser avec les parterres à la française mais de "donner un sens de fragment de paysage naturel".
Boîte de verre
Ces deux jeunes architectes parisiens, associés à Raphaëlle Second pour l'occasion, ont été appelés par le CAUE* des Bouches-du-Rhône, maître d'ouvrage délégué de cette opération, pour trouver une solution architecturale intelligente. François et Lewis ont conçu un projet à mi-chemin entre architecture et installation artistique. Minimaliste, le bâtiment est avant tout fonctionnel. Le pavillon de conférences est une boîte de verre libérée de tout poteau et de toute cloison à l'exception d'une paroi de sept mètres de long, tapissée d'une photographie bucolique comme on pouvait en voir dans les restaurants de province, et qui va se loger dans le paysage le cas échéant. La structure placée à l'extérieur est une forêt de joncs métalliques, de petits poteaux (plus de 3000) extrêmement minces dont certains ne dépassent pas le centimètre ! Très sérieusement étudiée par l'ingénieur britannique Nick Green, cette structure supportant un toit "rouillé" est composée à partir d'un alliage à base d'inox bas de gamme dont on extrait la première rouille avec des embruns salins.
Le bâtiment ne sera qu'à moitié visible. En effet, il est appelé à disparaître derrière les herbes de la pampa qui vont ceinturer le pavillon. En été on ne distinguera que de la rouille dans un champ de plume ! Entièrement climatisé, fréquentation anglo-saxonne oblige, le pavillon est par ailleurs bien protégé de la chaleur par le rideau de poteaux qui fait office de brise-soleil. Avec ses cent mètres carrés, le projet de François et Lewis confirme qu'en architecture il n'y a pas de "petit" projet.
* CAUE: Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L'Université dans la Pampa
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°2 du 1 avril 1994, avec le titre suivant : L'Université dans la Pampa