Le prix Marcel-Duchamp sera remis le 20 octobre à Paris dans le cadre de la FIAC. Portraits des quatre nominés 2007 : Adam Adach, Pierre Ardouvin, Richard Fauguet et Tatiana Trouvé
Adam Adach, Pierre Ardouvin, Richard Fauguet et Tatiana Trouvé sont les quatre artistes nominés pour le Prix Marcel-Duchamp 2007 initié par l’Adiaf (Association pour la diffusion internationale de l’art français). Ils exposeront leurs œuvres dans la Cour Carrée du Louvre, durant la FIAC. Les jeux sont serrés, une fois de plus, pour cette septième édition, et le jury exigeant : les collectionneurs Blake Byrne et Sylvio Perlstein, le directeur du Musée national d’Art moderne Alfred Pacquement, l’artiste française Jacqueline Matisse-Monnier et Gilles Fuchs, président de l’Adiaf, le composent.
Le lauréat, dont le nom sera dévoilé le 20 octobre, recevra un prix de 35 000 euros et sera invité à exposer au Centre Pompidou au printemps 2008. Après Thomas Hirschhorn, Dominique Gonzalez-Foerster, Mathieu Mercier, Carole Benzaken, Claude Closky et Philippe Mayaux… Est-ce le moment de faire honneur aux dames ?
Adam Adach
Adam Adach n’est pas pour le bavardage. Dépouillée de toute surcharge, dans une économie de couleurs, de traits et même de matières, c’est l’image qui parle pour lui. Et c’est dans cette éloquente retenue, presque cette pudeur picturale, que ses tableaux laissent émerger le sens et les émotions, voire la gravité.
Après des études de médecine vétérinaire à Varsovie, Adam Adach s’est installé en France en 1989 où il a été successivement diplômé de l’École des beaux-arts de Lyon puis de Paris. De sa vie polonaise, on retient un talent pour faire surgir une certaine forme de nostalgie, des couleurs passées, délavées. Le temps semble comme suspendu. Ses toiles figuratives s’attachent à des scènes du quotidien : un déménagement, un couple réuni dans l’Empire du Soleil Levant, une jeune femme récurant le sol… Ses œuvres se sont d’abord inspirées de sa propre vie, avant de ne se référer qu’à la photographie ou au monde du cinéma. Apparemment anodine et sans relief, sa peinture est de celles qui persistent dans la mémoire, avec élégance.
Né en 1962 à Varsovie, Pologne.Vit et travaille à Paris, représenté par la Galerie Jean Brolly, Paris.
Pierre Ardouvin
Les installations de Pierre Ardouvin nous transposent dans un univers qui flotte entre bonheur et nostalgie, entre bal du village et sortie mondaine, entre naturel et carton-pâte. Chaque fois, Pierre Ardouvin provoque de discrètes collisions. De ces entre-deux s’échappent une poésie post-punk. Une auto-tamponneuse tourne en rond dans son enclos au son de Love me tender. Une salle de théâtre à la dernière foire de Bâle invitait le public à prendre place et à regarder passer… le monde de l’art justement ! Avec humour et distance, sur fond de gestes poétiques issus du quotidien, Ardouvin nous rappelle à notre humanité. Sur la façade du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, il étend son linge à la manière des « mamas » italiennes. Chez lui, les buissons sont faits de fleurs artificielles, les salons en chocolat et les couchers de soleil trouvent une belle réplique dans le plastique et le néon. Au gré de ces charmantes compositions, la culture populaire se taille avec panache une place au soleil.
Né en 1955 à Crest, France. Vit et travaille à Paris, représenté par la Galerie Chez Valentin, Paris.
Richard Fauguet
Tout est prétexte à s’amuser pour Richard Fauguet. Humour, invention, dérision et poésie parcourent cette œuvre inclassable qui étonne chaque fois son public le plus fidèle. Avec lui, la table de ping-pong est en plein bug : toutes les balles qu’un jeu est capable d’engendrer ont été enregistrées par cette image… réelle et en 3 D ! Saladiers et vaisselle blanche se transforment en monstre rampant à quatre pattes. La tuyauterie d’aluminium suit un sort similaire. Les photographies sont trafiquées avec du Typex, grattées ou scotchées-descotchées… de manière à laisser apparaître d’étranges personnages inattendus. Chevaliers, spectres, monstres et autres créatures peuplant l’imaginaire très fantasque de Richard Fauguet. Il procède aussi à d’étranges combinaisons : le mariage d’une boule de pétanque et d’une pompe, des bandanas Chanel et des noix de coco, un casque et des doseurs d’alcool… l’art est son terrain de jeu.
Né en 1963 à La Châtre, France. Vit et travaille à Châteauroux, représenté par la Galerie Art : Concept, Paris.
Tatiana Trouvé
Ouvert depuis 1997, le « Bureau d’Activités Implicites » de Tatiana Trouvé est une sorte d’administration générale où sont réunies toutes ces créations. Chaque cellule qui compose ce « BAI » est une sorte d’unité de travail d’où se détachent d’étranges éléments de mobilier. On peut en imaginer les fonctions, même si elles ne sont pas en activité. Comme de mini-ateliers abandonnés, elles se composent de matériaux bruts à l’exemple de morceaux de cuir, de métal, de bois… Depuis peu, ces modules aux allures de salle de sport ou de cabinet de chirurgie, deviennent de véritables parcours. Au Palais de Tokyo en 2006, avec ses Polders, Tatiana Trouvé nous laissait arpenter ces espaces parsemés de météorites cadenassées… et autres matériaux bruts livraient leurs mystérieuses présences. Un paysage qui aurait tout du cerveau, avec synapses et caillots. De l’architecture à la psychanalyse, Tatiana Trouvé semble établir un lien inviolable.
Née en 1968 à Cozensa, Italie. Vit et travaille à Paris, représentée par les galeries Emmanuel Perrotin, Paris-Miami et Almine Rech, Paris-Bruxelles.
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Les enfants de Duchamp
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°266 du 5 octobre 2007, avec le titre suivant : Les enfants de Duchamp