Le dessein d’une collection

Celle du Frac Picardie, qu’il dirige depuis 1985 et qu’il s’apprête à quitter, a très tôt fait le pari du renouvellement de ce médium, devenu à la mode au début des années 2000. En témoigne une installation d’Anthony McCall (You and I, 2005), présentée en ouverture de l’exposition « À dimensions variables », et dont les cônes de lumière débordent largement l’acception de l’œuvre sur papier accrochée au mur, explorant une autre dimension mais aussi une possibilité de mouvement. Ces extrapolations, comme cet empilement de cent dix silhouettes de bouteilles découpées dans du mélaminé blanc de Tony Cragg, donnent une idée de la diversité de ce « système graphique », des formes qu’il peut prendre et des limites dont il s’affranchit. Mise en tension de lignes grâce à des ressorts métalliques chez Carmen Perrin, frottage créatif délégué aux passants du métro par Gabriel Orozco pour sa série Havre-Caumartin, ouverture à des mondes rêvés (Tatiana Trouvé) ou perdus (Jin Yun-Fei) : la multitude de pistes que déploie le troisième volet de cette exposition, dont la commissaire invitée est Dominique Abensour, se livre dans un parcours dense et stimulant, qu’accompagne un livret très bien fait. Ainsi se clôture cette présentation rétrospective en trois temps donnant à voir l’essentiel d’une collection qui séduit par son esprit d’investigation.