Défilé - Alors que pendant des années les collaborations artistiques avec la mode et les marques étaient vues comme des compromissions, elles sont devenues aujourd’hui monnaie courante.
Un artiste peut-il encore refuser la sollicitation d’une griffe mondialement connue ? Claire Fontaine (collectif artistique constitué du binôme Fulvia Carnevale et James Thornhill), dont on a pu voir l’an dernier à la même époque, au Confort Moderne à Poitiers, une exposition au ton politiquement engagé, était l’artiste invité du dernier défilé Dior, symbole d’un luxe qui pourrait sembler aux antipodes de ses valeurs. « C’était un défi pour nous », affirme le duo, qui a conçu une installation « comme pour un décor de théâtre, afin qu’elle soit visible depuis tous les sièges », investissant le sol d’un collage de doubles pages numérisées du Monde et accrochant au plafond des phrases en leds (« Patriarchy = Repression » ; « Women’s Love is Unpaid Labour »…). En écho à l’inspiration années 1970 de la collection, ces formules, citations ou paraphrases d’écrits et de slogans féministes faisaient référence à « des questions cruciales, qu’il s’agisse du plaisir clitoridien ou de la grève, de l’insurrection ou du consentement, de la pollution ou du meurtre des rêves d’amour ». Au risque, dans ce contexte consumériste, de vider ces interrogations de toute charge subversive ? « C’est précisément parce qu’il n’y a pas de pureté possible que les luttes sont nécessaires, élude Claire Fontaine, pragmatique. Avec cette invitation nous avons eu l’opportunité d’utiliser la visibilité du défilé pour matérialiser les questions vitales qui animent nos travaux. » Questions qui pourraient s’avérer solubles en eaux troubles.
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Le défi Dior
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°733 du 1 avril 2020, avec le titre suivant : Le défi Dior