Installée dans le parc Pasteur de la ville d’Orléans, une œuvre monumentale créée par le couple d’artistes Anne et Patrick Poirier rend hommage à Madeleine et Jean Zay.
Comment préserver la culture, par quels moyens transmettre la mémoire ? Une grande partie des œuvres d’Anne et Patrick Poirier, passionnés d’histoire, résulte de cette interrogation et invite à réfléchir au danger qui menace les civilisations. Il en est ainsi d’Amnesia (2008), une maquette immaculée d’un utopique conservatoire de la mémoire universelle, qu’ils ont décidé d’offrir au Musée des beaux-arts d’Orléans et qui intègre ses collections. Au même moment, leur Table du banquet. Hommage à Madeleine et Jean Zay, conçue en réponse à la commande de la Fondation de France, dans le cadre de son programme des Nouveaux commanditaires, a enfin trouvé un emplacement pérenne dans ce parc du centre de la ville. Enfants de la guerre, comme ils se définissent eux-mêmes, Anne et Patrick Poirier (tous les deux nés en 1942) ont imaginé un monument qui non seulement rassemble, grâce à la vingtaine d’assises qui l’encerclent, mais qui est aussi capable de délivrer silencieusement une parole résiliente. Longue de 25 m, l’imposante table en granite noir du Zimbabwe comporte en effet sur son plateau et le long de sa tranche des phrases extraites du livre Souvenirs et Solitude, de Jean Zay, qui fut arrêté sur ordre de Pétain en 1943. De la même manière que les archéologues utilisent la technique de l’estampage pour relever des inscriptions sur les sites, pratique que le duo a très tôt adoptée, il est possible de reproduire par frottage les phrases littéralement gravées dans le marbre de cette figure de la Résistance. « Nos premiers travaux en commun, dans une ancienne nécropole romaine, ont été réalisés à partir d’empreintes, rappelle Anne Poirier. En agissant de la sorte, l’important, c’était l’acte de s’imprégner de la pensée. » Le duo forme donc le vœu que les enfants en fassent autant à partir des écrits de Jean Zay rédigés pendant son incarcération, et dont les pages ont trouvé le chemin de la liberté dissimulées dans le landau de sa fille Hélène, lors des visites de Madeleine à la prison.
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Le courage gravé dans le marbre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°770 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : Le courage gravé dans le marbre