Belleville

L’art en migration

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 22 septembre 2010 - 461 mots

Sur un terreau culturel fertile, la nouvelle Biennale de Belleville, à Paris, interroge son territoire.

PARIS - Paris n’a depuis longtemps plus de Biennale d’art contemporain institutionnelle. Qu’à cela ne tienne, Belleville (19e et 20e arrondissements) assure une relève inattendue. C’est l’une des grandes nouveautés de la rentrée artistique 2010 que cet ensemble de manifestations prenant corps dans ce quartier du nord-est de la capitale. L’initiative en revient au critique d’art et directeur de la revue trimestrielle 02, Patrice Joly, qui en assure le commissariat général, s’attachant l’aide de nombreux confrères. L’arrivée de nombreuses jeunes galeries et une présence institutionnelle bien marquée – avec le FRAC Île-de-France-Le Plateau notamment – a vu s’amplifier dans ce quartier l’ancrage de l’art contemporain. Cette profonde et récente évolution est à l’origine de la réflexion qui a donné lieu à cette manifestation.  C’est dans le but de prendre quelques distances avec l’archétype des biennales que le projet a pris appui sur les galeries environnantes, qui y ont été associées dès le début. Si Pierre Bismuth intervient chez Bugada & Cargnel, on retrouve Louise Hervé et Chloé Maillet chez Marcelle Alix et Isa Melsheimer chez Jocelyn Wolff…

Biennale déambulatoire
La spécificité multiculturelle des lieux a inspiré la direction d’un programme où s’inscrivent intensément les problématiques de territoire et de flux migratoires.  Au pavillon Carré de Baudoin, une exposition à l’intitulé on ne peut plus clair, « Solde migratoire », aborde la question des déplacements et du contexte urbain, avec un bel accrochage où se côtoient Leo Fabrizio, Jorge Pedro Núñez, Sebastián Díaz Morales ou Bad Beuys Entertainment. À la galerie Crèvecœur, c’est André Guedes qui revisite l’expérience de communards exilés en Nouvelle-Calédonie à la fin du XIXe siècle, tandis que le bureau d’études Contexts présente des vidéos en lien avec le territoire, de Florence Lazar et Jean-Michel Pancin notamment. S’appuyant sur la géographie contrastée du quartier, l’expérience de la biennale se veut en outre déambulatoire, avec des insertions urbaines et autres performances. Le programme est riche, depuis la sculpture en bronze de Julien Berthier reprenant des amas de poubelles abandonnées, en passant par une présentation de « Street Painting » (à partir du 9 octobre), ou la performance de la Taïwanaise Show-Chun Lee, qui convie des petits groupes de visiteurs à la découverte du Belleville chinois. Entre évocation des différentes couches de migration et d’intégration, et significations cachées des enseignes de boutiques et restaurants, l’artiste offre là une belle porte d’entrée sur un univers aux codifications opaques.

BIENNALE DE BELLEVILLE

Jusqu’au 28 octobre, lieux divers à Paris. Programme et informations : www.biennalede belleville.fr

Commissariat : Patrice Joly, avec la participation de Muriel Enjalran, Aude Launay, Judicaël Lavrador, Emmanuelle Lequeux, Claire Moulène et Jens Emil Sennewald et Andrea Weisbrod, Anne Langlois et Patrice Goasduff
Nombre de lieux : 15

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°331 du 24 septembre 2010, avec le titre suivant : L’art en migration

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