Irmar - L'éloquence du rien

Par Céline Piettre · L'ŒIL

Le 10 octobre 2012 - 451 mots

Le collectif de théâtre se produira fin novembre à la Ménagerie de verre pour jouer « Le Bilan » un spectacle-performance pensé comme une conférence.

Invité en novembre à la Ménagerie de verre pour le festival parisien Les Inaccoutumés, le collectif de théâtre IRMAR présente Le Bilan, une conférence qui tourne à vide sans pour autant tourner en rond. Après cinq ans de travail, une mise au point s’imposait. Mais ce qui se voulait un bilan « sur les choses » ne sera qu’une réflexion sur « les enjeux mêmes de faire un bilan ». Dérobade sémantique… Le Bilan est une version ultracondensée de la pièce-manifeste Du caractère relatif de la présence des choses dont il extrait l’essence : quatre acteurs, une table couverte d’un drap noir en guise de coulisse ou de chapeau de magicien, une rangée de magnétophones capricieux, des jeux de regard type commedia dell’arte ascétique et des objets sans utilité précise, cercle en métal et feuilles blanches. On vous aura prévenu : IRMAR n’a rien à dire. Ne s’embarrasse pas du sens. S’en méfie au contraire, autant que du texte – celui avec un grand T, qui domine encore le théâtre. Chez eux, le « Less is more » de Mies van der Rohe confine à l’obsession. La scène est un laboratoire de recherche, une surface de projection. En quête d’une « tension neutre », ils feignent le dilettantisme pour aller au fond des choses. Cerner leur origine. Buster Keaton conceptuels, socratiques burlesques, ils pratiquent une philosophie concrète, de sons et d’objets, de présences, qui vaut bien tous les théâtres érudits.

« Depuis nos débuts, on travaille sur rien et puis aussi sur quelque chose », s’explique avec un sérieux à peine amusé Victor Lenoble, l’un des six membres pseudo-permanents d’IRMAR. Tous, ou presque, ont moins de 30 ans, sortent de l’Érac – une école d’acteurs cannoise –, étaient ou sont encore comédiens et entretiennent un lien plus ou moins étroit avec la musique situationniste et la Bourgogne, terre natale ou d’adoption. À l’origine de leur « vocation » artistique, un texte bien connu des historiens d’art : Le Discours sur rien de John Cage. Une partition de mots et de silences où la parole est matériau sonore. Une prose sur le rien qui parle finalement de tout, iconoclaste et jouissive, à l’image même du collectif.

Quoi ?
Le Bilan (ou Les Choses : quels enjeux pour un bilan les concernant ?).

Quand ?
Les 27 et 28 novembre à 20 h 30.

Comment ?
Réservation au 01 43 38 33 44 de 10 h à 18 h du lundi au vendredi ou par mail info@menagerie-deverre.org

Où ?
À la Ménagerie de verre, 12-14, rue Léchevin, Paris-11e.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°651 du 1 novembre 2012, avec le titre suivant : Irmar - L'éloquence du rien

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