L’exposition rétrospective de Joan Jonas débute paisiblement par la découverte d’une trentaine de photographies réalisées par des amis de l’artiste, dont Richard Serra et Babette Mangolte.
Toutes évoquent des performances réalisées par Jonas dans les années 1970. Puis l’on plonge dans des espaces où se succèdent les propositions les plus diversifiées. Une abondance de formes, de sons, de mouvements et de lumières immergent le spectateur dans les univers baroques de l’artiste, née à New York en 1936, aujourd’hui considérée comme une pionnière de la performance. Elle représenta les États-Unis en 2015 à la 56e Biennale de Venise. L’exposition porte un regard sur cinquante ans de création, depuis le film Wind (1968) jusqu’à Stream or River, Flight or Pattern (2016-2017). Cette dernière installation aborde les interrogations sur les changements climatiques et la raréfaction ou l’extinction de nombreuses espèces animales. Des masques d’animaux, d’humains, de grands dessins d’oiseaux, des volatiles suspendus dans les airs, des sculptures zoomorphes ou anthropomorphes et des vidéos font émerger de singulières alchimies issues d’éléments disparates juxtaposés. Autre pépite, Volcano Saga (1985-1989), un film de 28 min 4 sec qui évoque une légende islandaise médiévale. Jonas y associe la vidéo d’une performance en solo avec des dessins et des diapositives qu’elle avait prises lors d’un séjour en Islande. Présences animales et humaines, paysages en mouvement, matières incandescentes, rythmes sonores et visuels, chaque image scande avec une poésie parfois âpre l’écoulement du temps.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : Immersions dans l’univers de Joan Jonas