Le Centre culturel canadien donne la parole à trois artistes de Montréal explorant des territoires insondables.
PARIS - Regrouper des travaux photographiques qui, au-delà de la représentation, redessinent des territoires et leurs aspects de curiosité. Pointer des évidences qui, à force de l’être, finissent par s’atténuer dans le champ de vision. Donner à voir la part de mystère ou d’insondable d’un réel assumant son envers construit voire imaginaire ou fantasmé, hors des strictes contingences de l’ici et maintenant du quotidien. Ce sont toutes ces problématiques à la fois qu’aborde au Centre culturel canadien, à Paris, l’exposition « Au milieu de nulle part ». Si son titre peut paraître a priori convenu, elle montre, impulsée par le Mois de la photo en novembre, trois photographes basés à Montréal qui s’attachent à des particularités territoriales défiant le sens commun des choses et la reconnaissance immédiate.
Avec sa série de Maisons modèles (2006) retravaillées et recréées par ordinateur, Isabelle Hayeur instille une atmosphère froide et inquiétante et convie le regard dans un non-lieu situé presque hors du temps, de même que sa série Underworlds (2011), qui voit un bout de paysage émerger en eaux troubles. Chez Thomas Kneubühler également il y a quelque chose d’irréel dans ces immeubles de bureau cadrés au plus près et dénués de présence humaine (Office 2000, 2003) ou ces montagnes enneigées soumises à un violent éclairage artificiel (Electric Mountains, 2009). Et si Pascal Grandmaison ne s’intéresse pas directement au paysage en tant que tel, il situe néanmoins ses images dans un ailleurs insondable, notamment à travers une série de clichés noir et blanc où des fragments d’objets indéterminés surgissent de surfaces sablonneuses (Void View, 2010). La subtilité du projet tient dans au fait d’avoir introduit la figure humaine à cette réflexion, avec notamment des portraits de Kneubülher plongés dans des abîmes de perplexité (Absence, 2001), qui raccrochent des notions de vie aux territoires dépeuplés arpentés jusque-là. Outre une série de têtes vues de dos, montrant donc seulement des masses de cheveux (Ouverture, 2006), Pascal Grandmaison (Verre 07, 2004) donne à voir une jeune femme portant une plaque de verre, comme un écran influant sur la teneur de l’image, du réel.
Jusqu’au 22 mars, Centre culturel canadien, 5, rue de Constantine, 75007 Paris, tél. 01 44 43 21 90, www.canada-culture.org, tlj sauf samedi-dimanche 10h-18h, jeudi 10h-19h.
Voir la fiche de l'exposition : Au milieu de nulle part: Pascal Grandmaison, Isabelle Hayeur, Thomas Kneubühler
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Abonnez-vous dès 1 €Commissaire : Catherine Bédard, directrice ajointe du Centre culturel canadien
Nombre d’artistes : 3
Nombre d’œuvres : 53
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°383 du 18 janvier 2013, avec le titre suivant : Ici et ailleurs