À Monaco, Didier Marcel, tout en simplicité, propose une œuvre très iconique répondant à merveille au contexte de son lieu d’exposition.
MONACO - L’œuvre de Didier Marcel a toujours fait montre d’une science aiguë de la perception/retranscription du paysage par ses marges, qui souvent ont à voir avec les outils qui le façonnent ou avec des détails recontextualisés.
Son exposition à Monaco, dans le cadre du Prix international d’art contemporain de la Fondation Prince Pierre de Monaco, dont il est cette année le lauréat, ne déroge pas à cette marque de fabrique ; elle l’amplifie même. Et ce, de belle manière, avec un dispositif d’une extrême simplicité produisant un effet maximal.
C’est le premier des gestes forts de l’artiste, que d’avoir opté pour la présentation d’une seule œuvre inédite et frappante, produite pour l’occasion avec le soutien financier de la Fondation, plutôt que de la délayer avec d’autres pièces au sein d’un accrochage plus vaste. Elle n’en a que plus d’impact.
Didier Marcel exploite remarquablement l’espace à l’usage assez peu aisé de la Salle du quai Antoine Ier, basse de plafond et toute en longueur. En fermant une partie des espaces, il n’a plus gardé que deux salles. L’une au fond, où est exposé le Sans titre (Labours) (2006), œuvre lauréate parmi la cinquantaine proposée par des rapporteurs internationaux, et qui se doit de figurer dans l’exposition de l’artiste vainqueur. Et la salle longue et étroite dans laquelle pénètre en premier lieu le visiteur, dont il a exploité toutes les particularités en redessinant le plafond en position centrale et surtout en
ouvrant toutes les fenêtres qui la scandent sur un côté.
Là, s’enchaînent dans un rigoureux alignement horizontal, sur une longueur totale d’un peu plus de neuf mètres, trois moulages identiques d’un fragment du tronc d’un palmier monégasque, recouverts d’un flocage de velours blanc et dont les extrémités sont bordées de manchons en acier inoxydable poli façon miroir. Défiant leur propre masse (120 kg chacun), ils apparaissent aériens, presque en lévitation, tant les pieds qui les soutiennent, architecturés au minimum, sont d’une extrême finesse (Phoenix Canariensis, Jardin de la Petite Afrique, Monaco, 2008). Couleur et texture de ces arbres en soulignent la qualité ornementale, les posant presque en objets de luxe dans leur écrin : une belle métaphore, eu égard à la géographie des lieux.
L’autre geste remarquable de l’artiste tient dans la mise en situation de ce travail par l’exploitation du caractère longiligne de l’espace, on l’a vu, mais aussi grâce au cadrage précis de ces troncs avec les fenêtres qui révèlent ce qui se passe dehors, offrant un contrepoint saisissant, presque une extension à la scène. En laissant entrer dans l’espace d’exposition l’image et la lumière de la baie de Monaco, Didier Marcel s’amuse avec le caractère réel du paysage. En convoquant le contexte de prélèvement de l’objet exposé, il en perturbe les limites, favorisant presque une lecture abstraite de ce qui ne l’est pas. Quoique §
DIDIER MARCEL. PRIX INTERNATIONAL D’ART CONTEMPORAIN, FONDATION PRINCE PIERRE DE MONACO, jusqu’au 16 novembre, Salle du quai Antoine Ier, 4, quai Antoine Ier, Monaco, Tél. 377 98 98 85 15, www.fondationprincepierre.mc, tlj sauf lundi 13h-19h.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Du bon usage du paysage
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €- Présidente : son altesse royale la princesse de Hanovre
- Vice-Présidente : Marie-Claude Beaud
- Directeur artistique : Jean-Louis Froment
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°290 du 31 octobre 2008, avec le titre suivant : Du bon usage du paysage