AMIENS
Il est rare de découvrir une exposition aussi dissonante : toutes les œuvres présentes sont de qualité, certaines même remarquables, mais la moitié apparaissent peu visibles, si ce n’est invisibles, tant elles sont mal présentées ! Le cahier des charges de Joëlle Pijaudier-Cabot, commissaire invitée, était clair : proposer le premier de trois parcours regroupés sous le titre générique « Histoires de dessins » consacrés à une présentation rétrospective des « œuvres essentielles » de la collection de ce Frac consacré depuis son ouverture en 1983 aux œuvres sur papier.
Il est clair que les espaces d’exposition – cinq salles dont deux très petites – sont particulièrement réduits. Mais quelle mouche a donc piqué la commissaire quand elle a choisi quatre-vingt-neuf œuvres, dont plusieurs de très grands formats, toutes intéressantes, mais matériellement impossibles à présenter de façon satisfaisante dans des espaces aussi petits ? Résultat : Dès la seconde salle, agglutinées sur trois rangées horizontales, on découvre un regroupement très serré de trente-trois œuvres de petits formats toutes différentes tant par leurs graphismes que par leurs énergies. Fin du fin, la rangée du haut regroupant une dizaine de petits et de très petits dessins est suspendue à 2,50 m du sol. Il est donc impossible bien les voir et de déchiffrer les textes poétiques de Jean-Luc Parant calligraphiés sur trois de ses dessins. Par contre, quelle belle satisfaction de découvrir dans des conditions optimales un grand dessin d’Henri Cueco, LeJardin à Montmagny (1978), Trois Dessins indissociables, Sans titre (1988) de David Tremlett et un superbe Cy Twombly, Sans titre, de 1974.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°720 du 1 février 2019, avec le titre suivant : Dessins visibles et invisibles