La photographie ne s’est pas imposée immédiatement dans le parcours de Cyrus Cornut. Il y a eu d’abord six années passées à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville entrecoupées d’études de biologie – « par intérêt pour les forêts tropicales », dit-il.
C’est un séjour de trois mois en Chine, en 2005, programmé juste avant de passer son diplôme d’architecte, qui a provoqué le changement de cap radical. « Je voulais faire une pause. J’aimais voyager, en particulier en Asie. Le hasard a voulu que j’habite à Pékin chez une photographe française et que je rencontre Patrick Swirc, Stéphane Lavoué, Bertrand Meunier et nombre de photographes chinois. »
À son retour à Paris, il se donne un an pour « expérimenter son univers ». Visa pour l’Image à Perpignan et les Rencontres d’Arles, qu’il ne connaissait pas, constituent pour lui une bonne introduction. Il a 27 ans. Quelque temps plus tard, une première exposition de ses photographies réalisées en Chine le conforte dans son choix. À juste titre puisque, seize ans plus tard, le prix HSBC vient de récompenser son travail à la chambre sur Chongqing, surnommée en Chine la « ville montagne », en raison de la nature qui l’environne. De cette ville en bordure du Yangzi Jiang et de la rivière Jialing, devenue une mégapole de 30 millions d’habitants, Cyrus Cornut a retenu l’urbanité hors d’échelle. Ainsi, quand l’humain apparaît dans une image, sa fine silhouette paraît dérisoire face au gigantisme de la cité. Mélange de l’humidité naturelle et de la pollution qui enveloppe la ville trois cents jours par an, la brume tamise les couleurs et donne aux paysages urbains une dimension onirique ou d’univers fantastiques.
Cet intérêt pour la Chine, Cyrus Cornut l’explique justement à travers ces villes qui se sont développées très vite ou qui émergent au milieu de nulle part dans des dimensions inimaginables en Europe. Cet attrait pour l’urbanité extrême et le logement de masse se retrouve dans le travail que le photographe mène en France, notamment sur le Grand Paris. Il le reconnaît, ses études d’architecture ont engendré un regard particulier. Elles lui ont appris à comprendre la fabrication des villes. Les voyages entrepris en leur centre ou en périphérie lui ont permis de se familiariser avec elles. Lui qui ne rêvait que de forêts tropicales ou de campagne s’est laissé gagner par la part d’inconnu qu’elles recèlent.
Le voyage proche ou lointain est chez lui la raison d’être photographe. Le travail à la chambre est à cet égard un plaisir inégalé dans ce qu’il nécessite en repérages, de marches avant de trouver l’image que l’on est certain de faire compte tenu du nombre de prises de vue limitées qu’impose ce type d’appareil. Le nord de la Norvège a été dernièrement son dernier terrain d’investigation. Mais quand il le pourra, il retournera en Chine. C’est certain. En attendant, le prix HSCB lui permet de présenter ce travail original sur Chongqing et d’éditer son premier ouvrage aux éditions EXB.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Cyrus Cornut
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°744 du 1 juin 2021, avec le titre suivant : Cyrus Cornut