Barry Bergdoll : « La main et l’esprit de l’architecte au cœur de la création »

Ex-conservateur en chef du département Architecture et Design du MoMA

Par Stefan Cornic · Le Journal des Arts

Le 2 octobre 2013 - 649 mots

Le 31 août dernier et après six ans et demi passés au poste de conservateur en chef du département Architecture et Design au Museum of Modern Art (MoMA) de New York, Barry Bergdoll quittait ses fonctions.

Le MoMA, pour qui il continuera à travailler en tant que conservateur à temps partiel, cherche actuellement un successeur. Commissaire d’expositions variées comme celle sur le « Bauhaus » (en 2009), sur la question des logements et de l’habitat (« Home Delivery » en 2008 et « Foreclosed : Rehousing the American Dream » en 2012), ou sur des propositions de réponses architecturales au changement climatique (Rising Currents en 2010), Barry Bergdoll est également universitaire. Il retourne à l’université de Columbia où il enseigne depuis 1985 au département d’histoire de l’art pour occuper désormais la Chaire de Meyer Schapiro.

Philip Johnson créait en 1932 le premier département d’architecture au MoMA que depuis peu d’élus ont dirigé. Pourquoi en quittez-vous la direction maintenant ?
Ma « mise à disposition » de Columbia avait été reconduite déjà plusieurs fois et l’on me proposait également une chaire prestigieuse à l’université.

Si vous ne deviez retenir qu’une des expositions présentée en étant à ce poste, laquelle serait-ce ?
Ce serait « Rising Currents ». Cette exposition innovait dans ce domaine. Il y avait eu tout d’abord un atelier de travail qui était ouvert au public. Des acteurs de plusieurs disciplines y ont collaboré : urbanistes, ingénieurs, architectes, architectes paysagistes, dans le but d’intervenir dans l’espace public. Il m’était important de montrer que l’idée d’un architecte est transmissible à un large public, que l’architecture n’est pas autocentrée avec son propre langage. D’autre part, mon souhait était que le public démystifie le processus d’élaboration architecturale. En tant que chef de ce département, il me semblait important d’accroître le respect et la compréhension de ce qu’est le fait de concevoir. « Rising Currents » portait sur les risques et l’impact du changement climatique sur le littoral new-yorkais. L’architecture pouvait alors être présentée comme en lien avec des mesures politiques et comme répondant à des besoins, des préoccupations d’intérêt général, tout en ayant pour mission de s’adresser au plus grand nombre, loin du phénomène de « starchitecture ».

Comment appréhendez-vous une exposition d’architecture ?
S’attaquer à une exposition d’architecture est comme l’architecture elle-même : à chaque fois c’est un nouveau challenge et un nouveau programme. Mais j’essaie d’inclure le plus possible de travaux originaux, que ce soient des dessins, des maquettes ou qu’il s’agisse de programmes informatiques, de manière à montrer que la main et l’esprit de l’architecte sont au cœur du processus. Je suis moins intéressé par les représentations du bâti, comme les photographies par exemple. Je me demande toujours comment, selon le type d’exposition, le processus de création peut faire partie de l’exposition, de sorte qu’il ne soit pas question d’une célébration du produit achevé, mais plutôt d’une célébration de l’élaboration du projet. Une exposition d’architecture ne peut que rarement inclure la construction elle-même et est donc soumise à la problématique de la représentation.

Si vous ne deviez retenir qu’une acquisition ?
L’acquisition des archives de Frank Lloyd Wright.

Concernant la démolition annoncée du bâtiment adjacent du American Folk Art Museum, quel rôle avez-vous joué dans le changement de décision du MoMA ?
J’ai participé à la proposition et la sélection des architectes Diller Scofidio Renfro (pour le projet d’extension), afin d’étudier les différentes possibilités d’aménagements envisageables. Ils travaillent actuellement sur un projet.

Les deux dernières expositions auxquelles vous avez contribué portaient sur Henri Labrouste et Le Corbusier. Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?
Je prépare une exposition sur l’architecture moderniste en Amérique Latine, entre le milieu des années 1950 et le début des années 1980. Cette étude portera sur douze pays, où de nombreux architectes d’une grande créativité restent peu connus du grand public en Amérique du Nord ou en Europe, comme Carlos Raúl Villanueva ou Lina Bo Bardi, qui seront peut-être des révélations.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°398 du 4 octobre 2013, avec le titre suivant : Barry Bergdoll : « La main et l’esprit de l’architecte au cœur de la création »

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