En ces temps de crise économique, où le marché de l’art est chahuté, la cote des peintres et sculpteurs peut faire du yoyo. Mais comment est calculée la cote des peintres ?
La notion de cote des peintres est apparue au 19e siècle au moment où le développement du marché de l’art impose une évaluation de la notoriété de l’artiste en fonction des prix auxquels ses œuvres s’échangent.
Que l’on ait l’intention d’acquérir une œuvre d’art ou simplement de connaître le niveau de reconnaissance d’un artiste dans le monde de l’art, la référence à une valeur marchande moyenne est devenue un passage obligé.
Après l’édition d’ouvrages recensant la moyenne des prix réalisés par un artiste en ventes aux enchères, ce sont aujourd’hui les sites web de cote des peintres qui se multiplient. Tous ces acteurs publient de nombreux graphiques et tableaux de chiffres élaborés selon des méthodes de calcul différentes, aussi ce paysage complexe est-il difficile à appréhender tant pour le néophyte que pour nombres de professionnels.
La spécificité des objets d’art empêche l’établissement d’un indice des prix aussi fiable que celui de la bourse des actions, par exemple. Il est donc important de connaître ces caractéristiques propres afin de pouvoir décrypter toutes les informations disponibles sur la cote des peintres.
La cote des peintres : une valeur difficile à calculer
Contrairement à un titre financier, chaque œuvre est unique. On ne peut donc substituer son prix à celui d’une autre œuvre. Dès lors, tous les indices de cote vont tenter de compenser par divers indicateurs le caractère non substituable de l’œuvre d’art.
Le marché de l’art n’est pas totalement transparent. Les prix réalisés en galeries sont rarement communiqués. Seuls sont disponibles les résultats des ventes aux enchères. Les cotes de peintres ou sculpteurs s’appuient donc sur un segment limité du marché de l’art qu’on appelle le second marché. De plus, ces cotes ne recensent généralement que les résultats des plus grandes ventes, soit environ 25% du marché global.
Outre ces incertitudes permanentes, plusieurs variables interviennent dans la construction du prix d’une œuvre. C’est pourquoi la moyenne des prix de vente des œuvres d’art n’est pas toujours très pertinente.
Tout d’abord, les caractéristiques qui font du tableau une pièce unique :
- Son auteur bien sûr, mais aussi la place que le tableau occupe dans l’ensemble de son œuvre, l’état de conservation, le pedigree de l’œuvre, par exemple les collections privées ou publiques par lesquelles il est passé ou les expositions où il a été accroché.
- Il ne sert à rien de comparer les œuvres réalisées selon des techniques différentes. L’huile sur toile reste plus prestigieuse et donc plus recherchée que l’aquarelle, le pastel ou le dessin. Mais il vaut mieux un bon pastel qu’une mauvaise huile évidemment.
- Enfin le format joue aussi un rôle. Une grande toile sera plus chère.
Ces variables obligent certains indices à ramener l’ensemble des œuvres d’un artiste à un standard fictif constitué du format, de la technique et de la période de réalisation.
Les conditions de la vente de l’œuvre d’art déterminent également le prix de vente :
- Le pays ou la ville de la vente. Les prix sont plus élevés à New York et à Londres qu’ailleurs. De plus, un artiste vaut souvent plus cher dans son pays d’origine.
- La maison de vente. Christie’s et Sotheby’s vendent plus cher qu’à Drouot.
Le cadre légal dans lequel intervient la vente, affecte les taxes, les protections et même le prix de réserve, la garantie de prix est par exemple interdite en France.
Le déroulement de la vente. Les acheteurs seront-ils au rendez-vous ? Y aura-t-il une compétition entre eux ? Les grosses enchères sont par exemple plus fréquentes au début qu’à la fin de la vente.
Les effets de mode. Si une exposition sur l’artiste vient d’avoir lieu ou si plusieurs ventes records ont été enregistrées récemment, la cote de l’artiste sera plus élevée. A l’inverse de Van Gogh, de nombreux artistes très chers à leur époque valent beaucoup moins aujourd’hui.
La conjoncture économique. En période de crise ou de forte croissance, les prix seront très différents. Les taux de change jouent aussi un rôle important.
En conséquence, selon l’échantillon d’artistes et d’œuvres choisis, le type d’informations retenues et le laps de temps observé, la cote des peintres sera différente.
La cote des peintres dans la spirale des spéculations et des crises
Les nombreuses études économiques sur le marché de l’art s’accordent sur la proximité entre l’indice des flux financiers et celui des prix de l’art. En recensant les crises économiques entre 1882 et 2002, ces études montrent que le marché de l’art réagit aux fluctuations boursières avec six mois à un an de décalage. La raison couramment invoquée est la croyance en la valeur refuge que constitueraient les œuvres d’art.
En période d’euphorie, des firmes comme Sotheby’s ou Christie’s, grâce à leur influence mondiale, poussent à l’inflation des prix. Les estimations sont revues à la hausse pour attirer le vendeur qui est l’objet de la compétition entre les maisons de vente. Les frais sur le vendeur sont quasiment inexistants et des avances sur le produit de la vente sont possibles. L’acheteur, profite de son coté de possibilités de crédits.
Quand la conjoncture économique est favorable, de nouveaux acheteurs apparaissent. En raison de l’incertitude de la valeur de l’art, ils ont tendance à imiter les connaisseurs. Cette vague d’imitation va permettre l’envolée d’œuvres stars sans rapport avec leur valeur artistique telle qu’elle est reconnue par les institutions. Cette période de forte spéculation à court terme est un jeu où il faut savoir passer la main au bon moment, avant que la bulle n’explose.
Akoun.com est le site Internet du dictionnaire de cote des peintres publié depuis 1985. La cote est calculée à partir de la moyenne de certains prix réalisés par un artiste, en excluant parfois les extrêmes.
Artnet est un site d’origine allemande basé à New York. Comme pour Artprice, l’indice ne concerne que le « Fine Art », c’est-à-dire la peinture et la sculpture, à l’exclusion des bijoux et du mobilier.
Artprice est un site lyonnais qui a développé une série de produit comme un service d’évaluation d’œuvres en ligne, l’édition de rapports sur le marché ou un index de confiance des acteurs du marché. Le site est aussi connu pour la personnalité de son fondateur, Thierry Ehrmann, propriétaire de la « Demeure du chaos ».
ArtValue donne gratuitement les résultats des grandes ventes internationales et propose un service d’évaluation du prix en ligne. Le site a constitué sa base de données à partir des données du guide Mayer, dictionnaire de cotation des artiste édité entre 1962 et 2005.
Auction.fr donne l’ensemble des résultats de ventes publiques en France, y compris ceux des maisons plus confidentielles et de quelques partenaires en Europe. Par contre, Sotheby’s ou Christie’s Paris ne sont pas répertoriés. Les résultats ne se limitent pas ici au « Fine Art ».
Gazette-Drouot.com donne accès aux ressources de la gazette après abonnement, mais aussi aux catalogues des sociétés de ventes aux enchères. Les ventes judiciaires sont également répertoriées.
Mei Moses Index a été fondé par deux économistes de la New York University. Il se destine d’abord aux investisseurs professionnels en proposant des courbes comparées entre celle du prix de l’art et celles des autres placements financiers. La cote des peintres est calculée grâce à la méthode des ventes répétées d’une même oeuvre. Le « Fine Art » est divisé ici en catégories limitées. Ce site n’est pas disponible en Français.
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Comment est établie la cote des peintres ?
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